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36                SÉJOUR T)E 3.-1.   ROUSSEAU

exacts tous les portraits qu'elles contiennent, mais, elles inté-
ressent au plus haut degré par la franchise, par la vigueur
et môme par l'amertume avec lesquelles elles sont tracées.
   La Savoie, l'Angleterre, la Provence, la Normandie, Paris,
Lyon, etc., etc., furent les points principaux que Jean-Jac-
ques indécis choisit et rejeta tour-à-tour comme lieux de re-
fuge, sans rien fixer. La fin du mois d'avril 1770, le trouva
dans ses mêmes dispositions; malheureux, irrésolu, agile,
habitant toujours Sezarges que sa pensée avait fui depuis
longtemps. Le départ ne s'exécuta qu'a la fin du mois de mai.
Thérèse Levasseur en fut la cause déterminante; c'est elle
qui amena une rupture brutale entre Rousseau et M. de
Sezarges. Cette femme que Jean-Jacques avait connue ser-
vante, dans une mauvaise auberge de la rue des Cordiers, à
Paris, qu'il avait élevée jusqu'à lui, sans pouvoir, malgré ses
soins assidus, changer sa nature grossière, avait quelques-uns
des défauls de son mari, sans que rien en elle put les faire
excuser ou pardonner.
   Oubliant sa condition première, impérieuse, exigeante
vis-à-vis des personnes laissées à son service par ses hôtes
bienveillants, elle maltraita une des domestiques du château
de Maubec, qu'elle prétendait lui avoir manqué de respect.
La servante outragée se fit justice à elle-même, de ses pro-
pres mains, avant de porter plainte à ses maîtres, qui recon-
nurent son bon droit dans la dispute, et ne purent lui donner
tort d'une manière éclatante, sans se montrer injustes et in-
grats. Rousseau, absent au moment de cette querelle, n'eut et
ne consulta que le témoignage de sa femme, ne l'apprit que
de sa bouche : ab irato, sans rechercher la vérité, il écrivit à
M. d<; Sezarges : « Je vous avoue que vous connaissant pour
un gentilhomme plein d'honneur et de probité, je n'apprends
pas sans surprise la tranquillité avec laquelle vous avez souf-
fert, en mon absence, les outrages atroces que ma femme a