Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
220               EXPLICATION D'UNE VERRIÈRE
travail du compilateur secondaire avec le texte primitif que ré-
digeait le docteur du Xlle siècle, on reconnaîtra que celui-ci n'a
pas gagné au changement. Quant au guide suivi par saint Pierre
Damien, il semble que ce soit saint Eustache plutôt que saint
Epiphane. Mais ces divers auteurs paraissent croire que le précieux
oiseau a pouvoir sur toutes les maladies imaginables. Exagération :
saint Ambroise pense, avec la majeure partie de l'antiquité clas-
sique , que la jaunisse seule est soumise à cette puissance de
transfusion. Mais il ne faut point restreindre davantage le pou-
voir de cet intéressant animal, si l'on veut conserver quelque
respect pour l'empirisme ancien. Glycas a beau vouloir atténuer
le merveilleux de cette histoire, il faut s'y ranger ou rompre
avec la science grœco-romaine, transmise dans les écoles depuis
Aristophane ou ses commentateurs, jusqu'à Suidas et Philé.
   Qu'est-ce, en somme, que le Charadrius dans sa subsistance réelle
la plus réduite ? Un pluvier ? un cormoran ? un rollier ou un
loriot? Grand débat depuis Belon jusqu'à Temminck, et où l'on
s'attend bien, je pense, que je ne me mêlerai pas. La discussion
se compliquerait bien davantage encore si l'on pesait les titres
que la civette ou la martre pourrait avoir à se mettre sur les
rangs. Mais cette fois nous serions trop loin du moyen âge. Lais-
sons ces recherches accessoires pour ne songer qu'au symbolisme.
On a vu comment la calandre était interprêtée par des écrivains
à peu près contemporains de la verrière de Lyon. C'est Jésus-
Christ prenant nos misères pour nous élever à la qualité d'en-
fants de Dieu , nous donnant la vie par la mort qu'il accepte
pour nous; et, par ses abaissements, rendant à notre nature une
dignité plus grande que celle qu'elle avait perdue. Ici reviendraient
toutes les pensées que nous exprimions au sujet de l'aigle ; mais
l'emblème de la calandre y ajoute quelque chose de plus touchant,
en joignant au triomphe de notre humanité avec celle du fils de
Dieu, le souvenir de ce que lui a coûté notre réhabilitation.
   Il n'est pas besoin de dire que les deux calandres figurées dans
le même médaillon sont deux circonstances d'un même fait, comme
l'Enfant de la Veuve est répété deux fois à Bourges et au Mans,
pour présenter à l'esprit deux scènes d'une seule histoire.