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 102                   EXPOSITION DE 1 8 4 3 - 1 8 4 4 .
santé aquarelle de Baron, et celles pleines de verve et, d'esprit de
M. Henri Monnier.
   Les circonstances sont peu favorables à la sculpture ; nous somme/,
à l'époque la moins monumentale qui ait jamai« existé en France.
Phidias et Praxitèle n'ont rien à voir dans les chemins de fer et
les fortifications, et nos hommes du jour ne feront pas renchérir
le marbre. La sculpture religieuse seule semble vouloir renaître
en même temps qu'on prend à cœur de restaurer nos vieilles égli-
ses. Nous avons, au salon, le marbre de la Vierge que M. Fabisch
a exposé l'année dernière, une Madelaine de M. Cubisole, un bas-
relief de M. Cabuchet, représentant Adam et Eve, une tête de
vierge de Foyatier, dont nous n'osons pas dire ce que nous pen-
sons, et deux statues de M. Robert, la Foi et l'Espérance; c'est
un travail traité avec soin, mais qui s'éloigne un peu du style
religieux ; il rappellerait plutôt les formes amples et sveltes de la
statuaire florentine. Ces deux statues, surtout la Foi, sont exécu-
tées avec goût et d'une certaine expérience de l'art pratique. Dans
le buste de M. Berjon, exécuté d'après un moule, M. Robert a
évité avec bonheur tout ce que le plâtre, pris sur nature, donne
ordinairement de disgracieux et est arrivé à une ressemblance fort
satisfaisante.


             BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

SCIENCE DES DBOITS OU IDÉOLOGIE POLITIQUE, PAR M. RITTIEZ.
    Sous ce titre, M. Rittiez vient de publier un ouvrage dans lequel il traite
 de la nature de nos droits politiques, et remonte à leur principe en les rat-
 tachant aux tendances et aux facultés de la nature de l'homme. Félicitons
 d'abord M. Rittiez d'avoir si bien compris qu'il faut chercher dans l'étude
 de la nature humaine et dans la philosophie les vrais fondements de la po-
litique et du droit, en un temps où la plupart des jurisconsultes et des pu-
blicistes, absorbés par la discussion des faits et des textes, s'inquiètent fort
peu des principes et encore moins de la philosophie. Cependant, il est évi-
dent que les droits et les devoirs, que la légitimité des institutions politiques
sont subordonnées à la nature de l'homme. L'homme est-il un être purement
sensible, ou bien un être intelligent et moral ? L'homme a -t-it ou n'a-t-il
pas telle ou telle tendance naturelle, telle ou telle faculté? Selon la ré-
ponse à ces questions, le droit et la politique changent, les lois sont bonnes
ou mauvaises, justes ou injustes. Aussi M. Rittiez commence-t-il par établir
les faits fondamentaux de la nature humaine et du monde moral, tels que la
distinction de l'esprit et de la matière, l'activité, la liberté, la volonté, la
moralité, la perfectibilité, et il déduit ensuite de ces faits, comme de leurs
principes, tous les droits politiques essentiels dont il fait reposer la légitimité
et l'inviolabilité sur la constitution même de notre nature.
    Il y a donc dans ce livre de la métaphysique et de la politique. En général,
M. Rittiez nous a paru suivre, dans sa métaphysique, les traces des philoso-
phes écossais et surtout de Dugald Steward dont il fait de nombreuses cita-
tions. A leur exemple, il constate toutes les grandes vérités que le sens com-