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A KOORGOIN. 23
hommes, à quoi je n'ai appris à m'ai tendre et à quoi je ne
sois préparé. »
Les heures de calme ou de loisir que les chagrins réels, ou
que les mauvaises dispositions de son esprit laissaient à Rous-
seau, étaient passées par lui dans la compagnie de quelques
hommes instruits de Bourgoin ou des environs : c'étaient en-
tr'autres Messieurs de Champagneux et de Rosières, M. de
Menon (J.-Jacques eut plus lard, à Paris, des relations fré-
quentes avec le commandeur, parent de celui-ci); M. de Saint-
Germain (dont Rousseau fait un très grand éloge dans ses
lettres), était en quelque sorte devenu son confident; il
parle, dans plusieurs endroits, de la fermeté, de la prudence,
du courage de ce gentilhomme.
Des herborisations dans les campagnes environnantes lui
facilitaient les moyens d'augmenter, sans frais, ses collec-
tions. Tantôt sur les collines, sur les plateaux de Champa-
gneux, de Maubec, dans les bois de Rosières, tantôt sur les
rivages de la petite rivière de Bourbre, dans les plaines ma-
récageuses de Jailleux et de St. Marcel, il demandait à l'élude
de la nature un adoucissement à ses peines. Au retour, son
bonheur était de classer son herbier, de dessécher ses plantes.
Si le mauvais temps ne permettait pas ses promenades, s'il
était seul, il s'adonnait à la lecture des ouvrages des philoso-
phes ou des grands maîtres; le Tasse était son poète favori,
il l'apprenait par cœur, le mettait en musique. Les visiteurs
le trouvèrent plus d'une fois chantant, d'une voix cassée et
tremblotante, l'épisode d'Olinde et de Sophronie.
Le jeu d'échecs, pour lequel il eut toute sa vie une pas-
sion malheureuse, était encore un de ses délassements favo-
ris. Dans son intérieur, il abandonnait entièrement sa direc-
tion, sa conduite à Thérèse Levasseur, son épouse, qui exerçait
sur lui un très grand empire. C'est dans ces moments de tran-
quillité et de plaisir qu'il s'écriait avec insouciance : « Il est