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                    CORRESPONDANCE.




   La Revue a évité jusqu'ici de s'immiscer aux débats qui s'agitent
entre le Clergé et l'Université. Sans vouloir prendre fait et cause
dans la querelle, nous donnerons pourtant place à la réponse que
l'un de nos collaborateurs habituels a cru devoir faire à la brochure
publiée par M. Alexandre Nicolas, à propos de l'écrit de M. F.-Z.
Collombet ayant pour titre : M. Villemain, de ses opinions reli-
gieuses et de ses variations. On comprendra aisément le motif qui
nous a fait accueillir ces pages, quoique la Revue n'en assume
pas la solidarité.

    Avant tout, nous devons rendre justice à l'honorable sentiment qui a em-
pêché M. Nicolas de défendre M. Villemain sur l'un des points où l'at-
taque avait porté. C'est par une délicate pudeur que, supprimant le mot po-
litiques à la suite de variations, M. Nicolas n'a rien dit de l'extrême incon-
sistance d'un homme qui louait le patriotisme européen du roi de Prusse
et de l'empereur de Russie, quoique l'Université prétende avoir au suprême
degré le secret du patriotisme véritable. Oui, M. Nicolas a bien et pru-
demment agi, dès qu'il voulait prononcer un tel panégyrique, de laisser dans
l'ombre les variations politiques à l'aide desquelles M. le Grand-Maître a fait
rapidement son chemin. Toutefois, il eût été bon de ne pas supprimer dans
le titre de l'écrit de M. Collombet un mot pénible, à la vérité, pour les
yeux de M. Villemain et de ses protégés universitaires, mais qui est si
 bien dû à M. le ministre de l'Instruction publique.
    Suivant M. Nicolas, « il est peu vraisemblable que M. Collombet (ici des
 éloges...) se soit aventuré, sans quelque raison tout-à-fait personnelle, dans
 une polémique de cette nature. »
    Nous devons rer.ire à M. Nicolas gracieuseté pour gracieuseté.
    Or, dirons-nous, il est peu vraisemblable que M. le professeur de rhétorique,
 le subordonné de M. Villemain, se soit aventuré, sans quelque raison person-
 nelle, dans une polémique de celle nature. Ce n'est pas pour rien que l'on
 est professeur; on désire avancer et faire son chemin. M. Collombet n'y
 trouverait pas à redire, et encouragerait volontiers les espérances de son
 antagoniste. Mais on conviendra qu'un subordonné, qui emploie bravement
 son temps et son argent à défendre un supérieur, n'est pas à l'abri de tout
 soupçon, et que le zèle est vraisemblablement un peu intéressé, si peu que
 ce soit. Qu'en pense M. Nicolas ? Il suppose à M. Collombet quelque secret
 motif d'agir ; M. Collombet ne serait-il pas en droit de prêter quelque
 arrière-pensée à M. Nicolas, quelque idée de courtisannerie et de dévoû-
  ment qui peut devenir profitable ?