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                   EXPOSITION DE      1843-184't.                   97
 L'éducation de saint Louis par Blanche de Castille est une com-
position pleine de goût et d'élégance et sans effets cherchés; il y
a de la dignité dans les attitudes des personnages; les têtes sont
expressives, les accessoires sont fort bien rendus, et la couleur gé-
nérale est très harmonieuse.
   Les productions de l'art, qu'on est convenu de classer sous la dé-
nomination de genre, supportent moins que les autres la médio-
crité, par cela même qu'elles représentent des qualités indivi-
duelles, une manière de TOIT et d'interpréter la nature avec plus
de liberté et d'indépendance; elles exigent une franche et puissante
originalité, un goût d'autant plus sûr,, qu'on lui impose des limites
peu restreintes; une liberté pratique d'autant plus consommée,
qu'elle doit relever souvent la vulgarité du sujet, ou la familiarité
du style. Parmi les artistes qui réunissent au plus haut degré
les qualités qu'exige la peinture de genre, nommons M. Saint-Eve,
qui a peint, avec tant de goût, de finesse et d'esprit, ce joli tableau
des Musiciens ambulants. Ce sujet, plein d'un charme naïf, exé-
cuté franchement et simplement, d'un effet juste et hien entendu,
est une des jolies pages du salon.
   M l l e Journet, l'auteur applaudi de Lesueur chez les Chartreux,
nous a envoyé une petite toile qui a eu les honneurs de la gravure
et de la lithographie : Les derniers moments du chimiste Lavoisier.
La tête de Lavoisier est reproduite avec une exactitude historique;
les accessoires sont traités avec toute l'habileté qu'on connaît à
M l l e Journet, qui s'est placée comme peintre de genre et de na-
ture morte au premier rang parmi les femmes qui se sont distin-
guées dans l'école française.
   C'est un véritable rêve de poète que cette charmante toile de
M. Guérin, intitulée : Les plaisirs de l'automne; aux lueurs d'un
soleil qui s'éteint dans do chaudes et molles vapeurs, aux bords d'un
fleuve aux rives parfumées, quelques femmes jeunes et belles se
livrent aux plaisirs de la danse. Quels jolis airs de tête, quelles
tournures gracieuses! Richesse de couleur, magnifique ordonnance,
rien ne manque à cette esquisse qui a pour nous tout le mérite du
meilleur tableau.
   Le premier coup d'œil est peu favorable à la composition de
M. Guignet; la partie élevée de la composition écrase l'autre, elle
vient trop en avant; ce défaut et la monotonie de la couleur en
rendent l'aspect confus; cependant la beauté des sites, la sévérité
des fonds et l'effet général méritent d'être loués.
   Nous connaissons de M. Jacquuud des tableaux préférables à
ï'Angelus à la Trappe. La composition n'en est pas heureuse;
ces trois portes forment trois gaines où l'œil va s'égarer; les li-
gures ne sont pas bonnes, les corps manquent aux vêtements, ou
développent des formes un peu plus amples qu'on en trouve or-
dinairement sous le froc. Il y aurait bien aussi quelque chose à dire
 sur la singulière perspective qui donne une profondeur de cinquante
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