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                     DE LA PHRÉNOLOGIE.                       67

une science 'avant d'avoir été même une étude. Tout cela
dut nous scandaliser, nous autres profanes ; car il ne s'agis-
sait pour nous de rien moins que de renoncer à des vérités
de sens intime pour subir des vérités de foi. Il nous fallait
rétrograder au magister dixit de l'école, et cela pour don-
ner un démenti aux notions les plus élémentaires de la plus
saine ontologie. Toutefois le désespoir n'était pas à craindre,
car cet antagonisme qu'on a nié, mais qui est de rigueur,
éclairait déjà suffisamment la question et devait faire pres-
sentir une réaction infaillible. Ce n'est pas, en effet, quoi-
qu'en ait dit Bacon, la physique qui domine la philosophie;
il vaut mieux croire avec de Maistre « qu'il n'y a pas de
science qui ne doive rendre compte à la métaphysique et
répondre à ses questions. »
    Nous étions dans cet état d'esprit, lorsqu'après de nom-
breux efforts de part et d'autre, s'es! présenté dans la lice un
homme remarquable, qui, plus que tout autre, avait le droit
de résumer et de conclure. Physiologiste habile et renommé
autant que métaphysicien exact et profond, il pouvait reven-
diquer le privilège assez rare d'une double autorité. Son
livre aurait justifié ce juste amour-propre. Court et pour-
 tant complet, spécial et cependant accessible à tous les es-
prits, il a jeté tant de lumière sur ce système trop célèbre et
 néanmoins si mal connu, qu'après l'avoir lu, tout esprit bien
fait, malgré son ignorance au regard des sciences organo-
 logiques, peut discuter, et même affirmer et croire, sans
 avoir à redouter le reproche de présomption. Pour juger si
 nous avons tort ou raison nous-même dans ce jugement,
 l'épreuve n'est ni longue ni pénible. On peut lire cet excel-
 lent petit livre et s'assurer si nous en imposons, lorsque nous
 osons dire que cette lecture est aussi attrayante qu'instruc-
  tive. Cependant, comme il est des hommes que la robe doc-
  torale effraye, et pour qui toute lecture, qui excède les bornes