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                       DANS LK DRAM1Ã.                        M

c'est prendre un bras du Laocoon et un bras de l'Antinous, et
vouloir prouver que l'un est plus parfait que l'autre d'une
manière absolue, sans se rappeler les chefs-d'œuvre très dis-
semblables auxquels ils appartenaient. Entre le drame et
la tragédie, surtout celle du XVII e siècle, il y a un espace
immense, et l'on ne peut arriver h des résultats sérieux sans
l'avoir mesuré.
    Nous venons de mettre en question la légitimité des procé-
dés employés par M. Saint-Marc Girardin. Si nous avions
réellement démontré que sa méthode est vicieuse, nous pour-
rions en conclure que les résultats sont incomplets ou er-
ronés. Mais M. Girardin a trop de poids, en pareille ma-
tière, pour qu'on puisse s'en tenir, avec lui, à celte hautaine
déduction. Poursuivons donc notre examen.
    L'idée générale qui a présidé à ce travail, la solution phi-
 losophique pressentie dès les premières pages, et résumée
dans les dernières, est celle-ci : le théâtre grec, au milieu
 d'une société matérialiste, tend à spiritualiser les sentiments;
 le théâtre de Louis XIV réalise complètement cette spiriluali-
sation; le théâtre moderne, au contraire, tend à ramener sur
 la scène l'expression grossière, matérialisée, des émotions de
 l'ame. Cette opinion est spécieuse, elle contient même une
 portion de vérité. M. St-Marc Girardin a fort habilement
 choisi ses exemples, et, au premier coup d'œil, on est tenté
 d'être avec lui. Cependant, examinons encore une fois si le
 parallèle, ce frère aîné de l'antithèse, ne produit pas, comme
 elle, des résultats plus apparents que réels, plus éclatants que
 solides.
   M. St-Marc Girardin a rapproché trois scènes d'Euripide,
de Racine et de V. Hugo, dans lesquelles une femme, prête
à périr, demande grâce de la vie. La situation étant à peu
près la même dans Euripide et Racine, le parallèle se réduit
réellement à deux termes : l'Iphigênie d'Euripide ou de Ra-