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                         A BOURGOIN.                          37
                                         me
 reçu du bandit en cotillon auquel M Sezarges a jugé à
propos de nous livrer.... Je sais bien qu'on vous taxe d'avoir
peu d'autorité chez vous, mais je ne vous aurais pas cru dé-
nué de crédit dans votre propre maison au point de n'y pou-
voir procurer la sûreté aux hôtes que vous y avez placés vous-
même. Puisqu'encela, toutefois, je me suis trompé, et, puis-
que Mme Sezarges ne voit d'autre remède aux mauvais trai-
 tements que je puis recevoir des gens qui dépendent d'elle
que d'en être désolée, ne trouvez pas mauvais, jusqu'à ce que
je puisse me procurer une autre demeure, que réduit à mo1
seul pour toute ressource, je tâche de me faire la justice que
je ne puis obtenir, en pourvoyant de mon mieux à ma propre
défense et à la protection que je dois à ma femme. »
    Leur déménagement s'opéra avec promptitude, et à peu de
frais, il était facile : une charrette, louée à Montquin, condui-
s i t à Lyon, chez MmC Bois de Latour, quelques hardes, l'her-
bier, et les livres composant les restes de sa bibliothèque déjà
bien diminuée. M. Dupérou qui s'était proposé pour acqué-
reur, pouvait de là recevoir l'expédition à son gré; les moyens
de transport étaient commodes et certains, mais il mit, pour
condition première au marché, la clause délicate que le ven-
deur garderait la jouissance de ses livres et de sa collection,
durant toute sa vie.
    A près de soixante ans, pauvre valéludinaire,Rousseau reprit
le bâton du voyageur, il dit adieu pour jamais aux campa-
gnes de Bourgoin, pour recommencer son existence nomade.
Suivant sa fortune, il s'arrêta quelques jours à Lyon pour y
revoir ses amis; Mme Bois de Latour, lui offrit l'hospitalité'
mais ne le retint pas longtemps; de Lyon, il se rendit à Paris,
où il fit une plus longue station. Mais, dans l'intervalle,
il visita, sans s'y fixer, différentes contrées où on lui offrait
des retraites tranquilles. Enfin, après huit années de cour-
ses et de tribulations diverses, il vint mourir subitement Ã