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28                SÉJOUR I)K J . - J . ROUSSEAU
avec, votre médaille. Allez, je ne veux point d'autre médaille
que celle qui restera dans les cœurs des honnêtes gens qui
me survivront, et qui connaîtront mes sentiments et ma
destinée. »
    C'est dans ces dispositions morales, c'est au milieu de ces
douleurs physiques que Rousseau composa ces pages admi-
rables dans lesquelles il s'applique par le raisonnement à dé-
montrer l'existence de Dieu à un jeune homme qui le ques-
tionnait sur ses convictions à cet égard, et lui annonçait que
le résultat de ses propres recherches, de ses réflexions per-
sonnelles sur l'Auteur de toutes choses l'avait conduit à un
état de doute. Celte leçon de philosophie que Rousseau a
tracée en douze ou treize pages, est, à notre avis, une de ses
plus brillantes, de ses plus logiques compositions : elle se
distingue par la puissance, par la précision des arguments;
les preuves s'enchaînent et se succèdent avec méthode et ra-
pidité; cet écrit, dans plus d'un endroit, peu orthodoxe, à la
vérité, pour un catholique pur, renferme la plupart des qua-
lités éminentes qui caractérisent les autres œuvres de l'au-
teur. —
     Un fait singulier que je ne saurais passer sous silence,
donnera peut-être un mérite, une valeur de plus à ce dis-
cours aux yeux de quelques hommes : il a été écrit par
Jean-Jacques placé dans des conditions extérieures qui d e -
vaient naturellement donner à son esprit une tendance, une
•impulsion opposées à la thèse, aux principes qu'il y soutient.
Il avait, sous les yeux un spectacle, des éléments qui semblaient
lui prêcher l'athéisme et l'incrédulité. La chambre qui lui ser-
vait de retraite, les appartements que M. Sezarge avait eu soin
de faire décorer exprès pour lui, dans les idées du jour, étaient
ornés de fresques du goût de l'époque, style Louis XV, dans
lesquelles des images plus ou moins libres invitaient aux plai-
sirs des sens; des représentations grotesques de sujets bibli-