Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                447
 tant de grandes villes et connaissant les arts, adoptèrent plus
 facilement les formes romaines, qu'ils relevèrent par la vi-
 vacité de leur esprit, leur imagination riante, leurs mœurs
 douces et faciles. Les Germains, plus rudes et plus sauvages,
 relégués au fond de leurs forêts, luttant contre une nature
 avare et lui arrachant ses dons insuffisants, se préparèrent,
 par une vie agitée, par une longue suite de privations, au
 rôle imposant et terrible qu'ils étaient appelés à jouer au
 moyen-âge. Dévoués jusqu'à la mort à leurs chefs, fidèles
 à la foi conjugale, loyaux, généreux, intrépides, ils étaient
nés pour vaincre Rome dès que Rome oublierait ses vertus.
Aussi, avec quel élan, quel courage ils attaquèrentsa puissance
colossale, avec quelle rapidité leurs conquêtes vengèrent le
monde en la brisant ! Unis jusqu'alors par le danger, ils se
séparent après la victoire ; mais, malgré leur dispersion dans
les provinces, malgré les lumières supérieures des vaincus,
les traits fondamentaux de leur caractère s'impriment de toutes
paris dans les mœurs, et leur héroïque énergie retrempe et
régénère l'Europe.
   Mais pour découvrir ce génie à sa source, pour le voir dans
sa beauté native, et reconnaître, dans la marche des siècles,
tous les développements de son type primitif, ce sera sur la
Germanie même que nous devrons porter nos regards. Placé
loin de la civilisation de l'ancien monde, étranger à la Grèce,
indépendant de Rome, il s'y montre dans son unité première
en même temps que dans sa diversité. Car chacune des tribus
sorties de leurs limites, au signal de la lutte générale, Goths,
Francs, Suèves, Saxons, Angles, Normands, peuples issus de
même famille, mais distingués par des nuances de langage,
de configuration et de mœurs, ont laissé après eux en Ger-
manie des représentants de leur nationalité. Considérer cette
réunion de peuples dans leur conformité et dans leurs diffé-
rences, apprécier leur activité morale, leur assimilation pro-