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 qu'il n'était plus possible de se jouer impunément du pouvoir'
 que le temps des traités particuliers et des profusions était
 passé ; qu'au roi seul appartenait le droit de lever les impôts,
 d'organiser les armées et de déclarer la guerre; en un mot,
 qu'au-dessus de toutes les têtes, quelque élevées qu'elles pus-
 sent être, était l'autorité royale, et qu'une seule loi, celle du
gouvernement central, unique et souverain, devait être r e -
 connue en France. Richelieu fut ainsi le destructeur, non de
la féodalité, mais de l'esprit féodal ; il courba ces fortes branches
 enracinées dans le sol et qui gênaient Je libre développement
de la monarchie. En humiliant ainsi devant la royauté les plus
vieilles et les plus redoutables familles, en détruisant les
 forteresses qui étaient leur dernier asile et leur dernière res-
source, en traduisant leurs membres devant les mêmes tribu-
naux, en les soumettant aux mêmes peines que les plus simples
particuliers, le grand ministre devenait l'apôtre d'un principe
fécond, inscrit clairement dans nos codes, grdcc à la révo-
lution, l'égalité de tous devant la loi. Il avait tellement l'idée
et, le senliment de ce principe que, dans son opinion, il ne
fallait pas avoir d'égard au rang, à la naissance, à la fortune,
mais seulement à la culpabilité ; et que son esprit, droit et
logique, l'amenait à cette conclusion que, dans les complots,
il est injuste de punir les gens obscurs, victimes de machina-
tions ou d'ambitions odieuses, pour épargner ou gagner les
chefs par des avances ou des profusions, mais qu'il faut
punir les chefs de préférence à tous les autres. Ecoutons-le
exposer nettement lui-même ces deux idées qui inspirèrent
toute sa conduite et dictèrent toutes ses mesures : « Croire que,
« pour être fils ou frère du roi, on puisse impunément troubler
« le royaume, c'est se tromper. Les princes du sang sont
« sujets aux lois comme les autres, principalement quand il
« est question du crime de lèze-majesté. » Et ailleurs : « C'est
« chose injuste que de vouloir donner exemple par la punition