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446 avec un égal bonheur les sujets les plus variés et les plus vastes, depuis les chants guerriers des Hellènes, jusqu'à la riche littérature romane, depuis l'histoire critique de la Gaule jusqu'aux premières traditions homériques? Et lors- que, à deux reprises différentes, des motifs de santé ou d'im- portants travaux ont fait taire momentanément cette voix si éloquente et si grave, elle a trouvé deux fois de dignes in- terprètes pour la représenter au milieu de vous. A cette réu- nion de mérites éminents, je ne puis opposer que l'amour de l'étude, une patience laborieuse, et une vive sympathie pour le sujet que je suis appelé à traiter. C'est particulièrement sur ce sentiment qui m'anime, et sur l'intérêt naturel qui s'attache à un pays voisin, trop peu connu peut-être, que j'ose compter pour fixer votre attention, et pour suppléer selon mon pouvoir à des leçons dont nous apprécions tous l'excel- lence. L'Allemagne, qu'une antique parenté rattache primitive- ment à la France, semble avoir été placée si près d'elle, moins comme rivale que comme émule, moins pour la com- battre par les armes que pour lutter d'ardeur avec elle dans la carrière de la civilisation et du progrès. A toutes les épo- ques de l'histoire, nous voyons ces deux vastes états croître et se développer par des voies différentes, subordonnées à leur caractère national, mais dont la tendance, toujours parallèle, n'exclue pas la réciprocité. Les Celtes et les Germains, tous deux fils de l'Asie, mais séparés presque dés leur berceau, avaient fixé leurs mœurs, leurs usages, leur génie longtemps avant que la civilisation romaine leurfitéprouver son influence. Dans la grande migration des peuples, ces germes, encore grossiers, s'épurèrent et subirent des modifications diverses, sans toutefois perdre le caractère spécial qui marqua leur première existence. Les Celtes, plus anciennement en contact avec Rome, adonnés à l'agriculture et au commerce, habi-