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  bloc d'un mètre cube, une coulée de boue et de débris, douée
  de la même vitesse, transportera un bloc peut-être dix fois
  plus volumineux, car sa pesanteur spécifique ne dépassera
  guère celle du véhicule. Le bloc sera alors réellement trans-
 porté presque toujours à la surface de ce torrent de boue,
 comme il le serait sur une coulée de laves.
    En 1824, M. Lortet étant à Meyringen, fut témoin des
 ravages d'un de ces torrents de fange visqueuse , roulant des
 débris d'ardoise et de schistes que les Savoyards appellent un
 liant sauvage. Ce torrent, qui descendait de la chaîne du
 Brûnig, étant arrivé dans la plaine, ne cheminait plus qu'a-
 vec une grande lenteur, et des fragments de 10 à 30 décimè-
 tres carrés de superficie, charriés par cette boue, ne s'avan-
 çaient que de deux à trois pas par minute. Les plus volumineux
 d'entre eux étaient presque toujours disposés à la surface, se
déposaient sur les bords et ne s'enfonçaient que là où la vase
 était immobile. Les habitants, armés de pelles et de crocs,
 travaillaient à accélérer la marche de cette colonne, pour em-
pêcher qu'elle ne s'arrêtât contre les maisons qu'elle aurait
pu envahir ou renverser, en s'accumulant contre les murailles.
    En 1797, une coulée semblable détruisit pour la seconde
fois les villages de Schwendi, de Hochsfelten, et troubla pour
plusieurs mois les eaux du lac de Brientz.
    Quelle que soit maintenant la cause occasionnelle de ces
coulées boueuses, remplies de débris de toutes formes et de
 toutes dimensions, on conçoit qu'elles permettent d'expliquer
la facilité avec laquelle le transport des blocs erratiques
semble s'être effectué, leur présence au milieu des amas de
sables et d'argile, et enfin leur disposition sur les flancs des
montagnes où ils sont quelquefois perchés de telle manière,
qu'ils semblent devoir rouler en bas par le moindre effort.
    En prenant pour exemple une coupe transversale de la raf-
lée du Rhône à la hauteur de Louesche, on trouve, à partir