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      Le désir d'observer l'influence des climats, soit sur les pro-
  ductions de la nature, soit sur celles de l'art, le poussait toujours
  aux voyages, et il en fit un dans le Midi de la France avec
  celui qui écrit cette notice. A la fin de 1811, il hésitait à partir
  pour l'Italie, lorsque Chinard l'envoya à Marseille pour quel-
  ques travaux ; il y exécuta un aigle colossal placé sur un obé-
  lisque et le buste-Janus des deux fondateurs de Marseille,
  Pythéas et Entimen. II fat si mal payé pour ce travail qu'il
  se trouva là dans la misère la plus complète et sur le point
  d'en sortir par un suicide, Une colline du golfe de Marseille
  d'où la vue s'étend au loin sur la mer était sa promenade fa-
  vorite. Il s'y rendit dans l'intention de se couper les artères
  des deux bras. Après une courte prière à l'Eternel, «je jettai,
  écrit-il, un dernier regard sur l'ensemble de l'univers..... La
 beauté de la vue qui m'environnait me fit regretter de sortir
 de la vie sans avoir parcouru les autres climats de la terre. Je
 songeai à nos projets        je me levai avec précipitation et me
 décidai à supporter encore le triste fardeau de mon existence.»
     Il revint donc à Amplepuis se reposer à l'ombre de ses
 sapins et s'exercer à modeler des bustes. Quelques personnes
de Lyon voulurent tenter de le faire rentrer à l'Ecole des Arts,
mais MM. Artaud et Revoil furent inflexibles. Le rappel des
 conscrits vint l'atteindre, et, en 1812, il trouva un asyledans
 le collège de Roanne, où il entra comme maître de dessin,
mais bientôt il fut aussi chargé d'une classe de latin et d'une
classe de grec. Quelle position pour un artiste! Il comprit
très bien quelle influence elle devait avoir sur lui. « Quant à
moi, écrivait-il, je suis enfin maître de dessin dans une petite
ville. Le bel état pour un homme de mon style ! Voilà pour-
tant où m'ont réduit les tyrans des arts de ma patrie. Ah! les
lâches, ils triompent et je suis anéanti. Si j'avais pu         Mais
la fortune s'était encore jointe à eux pour cimenter ma mi-
sère        La longue habitude des revers m'a donné une espèce