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258 Déjà son ombre descendue Flotte dans la vague étendue, Et des monts voile les contours, Et son haleine nous effleure Comme pour nous annoncer l'heure Des mystérieuses amours. L'étoile du soir éveillée Scintille à travers la feuillée Comme le flambeau de l'hymen ; Et les chœurs do tes sœurs nocturnes A tes pieds épanchent leurs urnes, Et chanteront jusqu'à demain. LA FLEUR. Tai, tout le long de la journée, Demeuré la face tournée Vers les champs que tu vas courir, Epiant le bruit de ton aile, Et du haut de ma tige frêle Me penchant pour le découvrir. Mais au loin sur l'immense plaine, Je n'ai rien ouï que l'haleine Du vent triste qui gémissait, Et je n'ai vu que l'hirondelle Qui s'enfuyait à tire-d'aile, Et le nuage qui passait. Et je déplorais ton absence, Et je maudissais la puissance Qui me tient attachée au sol, Et j'enviais la destinée De la feuille errante et fanée Que le vent roulait dans son vol.