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Que faire, en effet, avec quatre pièces de plomb? on tient
néanmoins que toutes et quantes fois que sainte Sure mettait
la main dans sa bourse, ses peurs lui passaient. De l'or et de
l'argent lui revenaient en suffisante quantité pour acquitter ses
gens.
   Or, le sachet baillait toujours ; aussi tenta-t-il la cupidité
des mercenaires du chantier : l'envie de Satan s'en mêla ; et
sur ses tentations ces malheureux méditèrent un crime. Leur
travail les enrichissait, leur forfait les appauvrit. Il nous faut
ce sachet, se dirent-ils entr'eux, dans le fort d'une orgie. Oui,
il nous le faut, répétaient-ils, en s'excitantpar d'affreux jure-
ments.— Et à la fin, pour avoir d'imaginaires trésors, ces pos-
sédés massacrèrent leur sainte. Mes amis, leur disait pourtant
la pauvre fille, épargnez-vous la damnation. Grâce! ma
bourse n'a que quatre pièces de plomb, c'est le bien des anges
que je vous ai dispensé ; ne me tuez, au surplus, que quand
la bâtisse sera faite et bénie.—Ainsi parlait la sainte ; vaine
prière ! la bonne sainte fut mise à mort. — Ils la firent pé-
rir, dit la légende, pensant trouver quelques trésors ; mais
que rencontrérent-ils? — quatre petites pièces de plomb, la
mort du pécheur et le jugement de Dieu au fond du sac. On
 ne dit pas si ces gueux finirent par la main des hommes.
    Bref! la ville du Puy conservait bon souvenir du seigneur de
 St-Chamond. Les Mitte dont il descendait était une des plus
 importantes maisons du Velay.
    Us s'étaient alliés à celles, non moins considérables, de Che-
 vrières et de St-Chamond, dont ils avaient recueilli les biens,
 les honneurs et les titres, faute de descendants mâles dans ces
 deux familles.
    Or, l'arrivée du noble pèlerin fit bruit dans la ville. L'évè-
 que en fut averti et manda en toute hâte le sacristain de sa
 cathédrale.
    — J'apprends, lui dit-il, que le descendant des Mitte se