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296 Que faire, en effet, avec quatre pièces de plomb? on tient néanmoins que toutes et quantes fois que sainte Sure mettait la main dans sa bourse, ses peurs lui passaient. De l'or et de l'argent lui revenaient en suffisante quantité pour acquitter ses gens. Or, le sachet baillait toujours ; aussi tenta-t-il la cupidité des mercenaires du chantier : l'envie de Satan s'en mêla ; et sur ses tentations ces malheureux méditèrent un crime. Leur travail les enrichissait, leur forfait les appauvrit. Il nous faut ce sachet, se dirent-ils entr'eux, dans le fort d'une orgie. Oui, il nous le faut, répétaient-ils, en s'excitantpar d'affreux jure- ments.— Et à la fin, pour avoir d'imaginaires trésors, ces pos- sédés massacrèrent leur sainte. Mes amis, leur disait pourtant la pauvre fille, épargnez-vous la damnation. Grâce! ma bourse n'a que quatre pièces de plomb, c'est le bien des anges que je vous ai dispensé ; ne me tuez, au surplus, que quand la bâtisse sera faite et bénie.—Ainsi parlait la sainte ; vaine prière ! la bonne sainte fut mise à mort. — Ils la firent pé- rir, dit la légende, pensant trouver quelques trésors ; mais que rencontrérent-ils? — quatre petites pièces de plomb, la mort du pécheur et le jugement de Dieu au fond du sac. On ne dit pas si ces gueux finirent par la main des hommes. Bref! la ville du Puy conservait bon souvenir du seigneur de St-Chamond. Les Mitte dont il descendait était une des plus importantes maisons du Velay. Us s'étaient alliés à celles, non moins considérables, de Che- vrières et de St-Chamond, dont ils avaient recueilli les biens, les honneurs et les titres, faute de descendants mâles dans ces deux familles. Or, l'arrivée du noble pèlerin fit bruit dans la ville. L'évè- que en fut averti et manda en toute hâte le sacristain de sa cathédrale. — J'apprends, lui dit-il, que le descendant des Mitte se