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que, doit avoir plus de valeur aux yeux de la dialectique que la rai-
son qu'il appelle spéculative. Nous voulons surtout exposer et discu-
ter ici les procédés de cette fameuse dialectique transcendentale qui
a fait tant de ravages dans la psychologie rationnelle, la cosmologie
et la théodicée a renversé presque sans résistance la science an-
cienne en Allemagne, et couvert le sol de la philosophie des ruines
d'où est sortie la philosophie de la nature, dont le dernier mot est
le système de M. Hegel.
   Commençons par l'application de la dialectique transcendentale
à la psychologie rationnelle.
   Voici les résultats que présentait avec confiance, avant Kant, la
psychologie rationnelle : 1° l'âme est une substance ; 2° cette
substance est simple ; 3° elle est identique et une. De là l'imma-
térialité, l'incorruptibilité, la personnalité. Ces trois choses en-
semble donnent la spiritualité, et la spiritualité est le fondement de
l'immortalité.
    Kant se propose d'établir que tous ces résultats ne reposent que
sur ce qu'il appelle des paralogismes de la raison. Nous verrons si
son scepticisme ne repose pas lui-même sur des paralogismes de la
critique.
   Le principe qui, ici comme partout, est l'instrument de la criti-
que, est celui-ci: pour arriver dans la psychologie rationnelle,
comme dans toutes les sciences dignes do ce nom, à des résultats
certains, il faut faire abstraction de toute expérience ; il faut que
l'expérience n'intervienne à aucun degré dans les jugements qui
serviront de base à tout le raisonnement ; il faut que ces jugements
soient purs do tout empirisme, et qu'ils ne renferment rien que
de transcendental. Or, Kant déclare que la conscience est empi-
 rique, et à co titre il lui refuse le droit de fonder aucune certitude.
   Cette théorie de la conscience domine, selon nous, toute la cri-
tique de la raison pure. Si elle est vraie, le système de Kant est
inattaquable! si elle est fausse, c'en est fait de toutes les consé-
quences directes et indirectes qu'elle porte dans son sein. Mais,
chose admirable! jamais Kant n'aborde franchement et ne discute à
fond cette question vitale de la nature et de l'autorité de la cons-
cience. 11 l'évite comme par instinct, n'y louche jamais que super-