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nier écrit peut offrir quelque intérêt à ceux qui auront poursuivi
jusqu'ici la lecture de ce récit, j'en transcris les deux seules dispo-
 sitions qu'il contenait.
     « Ne laissant aucun héritier, je lègue mes biens, dont le détail
ci-contre, par deux parts égales, l'une aux indigents dans la com-
mune où est sise ma maison, l'autre à Marguerite Besson, désirant
 reconnaître en faible partie les soins qu'elle m'a donnés durant vingt
années, Je désire, sans en faire une condition, qu'elle possède et
 continue d'habiter cette maison, où nous avons vécu ensemble. Je
lui lègue, en outre et en sus de sa part ci-dessus, tout le linge, l'ar-
 genterie et le mobilier existant dans mon domicile, au jour de mon
 décès.
     « J'ai hérité de ma femme et de sa mère la somme de trois mille
 francs et divers objets dont le détail ci-coutre. J'ignore si M. Louis
 Lemarne, cousin de ma femme, vit encore : c'était depuis la mort
 de son frère son plus proche parent; à défaut de lui, ou d'autres
 ayant droit cette partie do ma succession retournera, par égale part,
 aux héritiers ci-dessus désignés. »
     C'était moi que désignait ainsi le testament de M. Widmer. Ainsi,
 à chaque instant, par des chemins cachés jusqu'à ce jour, je me rap-
 prochais davantage de cet homme infortuné, do sa jeune épouse, de
 ma chère tante, et par un hasard non moins étrange, je devenais le
 possesseur de cette Bible, de cette bergère, de ces antiques meubles
 dont la vue me faisait rebrousser, au travers des vicissitudes de
 ma vie, jusqu'aux riantes journées de mon premier âge. Le livre
 surtout mesemblait un précieux trésor; bien souvent je l'avais re-
 gretté, j'avais songé que j'eusse aimé y lire comme ma vieille tante ;
 à son exemple, y puiser du calme et de la sérénité, et, en retrou-
  vant d'une manière inespérée cet ami d'enfance, je me promet-
 tais avec douceur de cultiver son commerce et de ne m'en plus sé-
 parer.
   A mesure que ces choses se découvraient, je voyais Marguerite
m'envisager par degrés d'un air plus respectueux, et perdre de cet
abandon familier qni avait jusque-là donné de l'attrait à notre entre-
tien. Il semblait comme si l'autorité que son maître avait eu sur elle
eût passé en moi, et qu'en héritant de quelque partie de son bien,