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  de l'idéalisme transcendental de Kant. Malgré cette erreur
 fondamentale, la critique de la raison pure contient des vérités
 fécondes qu'a recueillies et fortifiées encore la philosophie
 française du XIXe siècle. Mieux que Descartes, et avec plus
 de rigueur, Kant a établi que l'étude de l'esprit humain était le
 point de départ, nécessaire de toute saine métaphysique, et
 M. Cousin n'a que des éloges à donner à son point de départ
 et à sa méthode. Il est encore une autre grande vérité dont la
 critique de la raison toute pure contient l'irrésistible dé-
 monstration. D'autres philosophes, avant Kant, avaient re-
 connu l'existence d'éléments a priori au sein de l'intelligence
 humaine, mais Kant, le premier, a démontré que toute pen-
 sée, sans exception, la plus élevée comme la plus humble,
 renferme nécessairement , comme partie intégrante, un
 élément qui ne vient pas de l'expérience, un élément a
priori. Par la démonstration de cette grande vérité, Kant
 a pour jamais ruiné les fondements du sensualisme. Enfin,
quoique le système de Kant conduise au scepticisme, il serait
injuste de mettre Kant au nombre des philosophes scep-
tiques. En effet, si Kant est sceptique dans la critique de la
raison pure, s'il ne craint pas de nier ou de mettre en doute
l'existence de Dieu, de l'ame, de la liberté, de l'immortalité,
dans la critique de la raison pratique, dans la morale, il ré-
tablit d'une main ferme toutes ces vérités ébranlées sur le
fondement de l'idée du devoir. Il fait rentrer par la morale
dans la science l'être qu'il en avait banni par la métaphysi-
que. Il est vrai qu'il ne sauve et ne rétablit en morale les vé-
rités qu'il a niées en métaphysique, qu'au prix d'une incon-
séquence. Mais cette inconséquence honore le caractère du
philosophe, et c'est à elle que nous sommes redevables du
système de morale le plus vrai, le plus beau et le plus pur
qu'ait produit la philosophie moderne.
   Nul philosophe n'a élevé plus haut l'idée du devoir, nul ne