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être marquée par la destruction d'une grande partie de l'es-
pèce humaine, si les plus terribles catastrophes doivent être
l'aurore sanglante d'une vie nouvelle?
    Ainsi fut-il pour les Croisades. Elles ont ouvert un vaste
 champ à toutes les activités, et lancé les nations dans une
existence plus large et plus variée, elles ont reculé et agrandi
l'horison des peuples. Les hommes ont franchi les montagnes,
ils ont passé les rivières, barrières infranchissables naguère et
au-delà desquelles ils croyaient qu'il n'y avait plus rien, et
dans leur juvénile audace, ils se sont précipités avides et cu-
rieux sur les chemins inconnus, et tous les enfants de la grande
famille humaine se sont vus comme par une révélation sou-
daine et mystérieuse. La géographie fit un pas ; les voyages et
les découvertes commencèrent, et il se passa des choses étran-
ges. Un italien fut archevêque de Pékin, un anglais commanda
la cavalerie tartarc; Guillaume Boucher, dont le frère demeu-
rait à Paris sur le grand pont, sefitorfèvre à Kara-Korum ; deux
marchands de Venise se hasardèrent jusqu'à Bokkhara, et
poussèrent jusqu'au Japon pour aller voir le grand Khan
Kublaï... Ces voyageurs revenaient dans leur patrie, racon-
taient les merveilles qu'ils avaient vues, et les relations de leurs
voyages enflammaient toutes les imaginations.... L'itinéraire
de Marco-Polo tombe dans les mains d'un matelot génois ; il
veut voir à son tour tant de merveilleuses contrées, chemin
faisant, la proue de son vaisseau se heurta contre l'Amérique.
   Les Croisades ont créé le commerce maritime : jusque là, la
mer n'avait été sillonnée que par les vaisseaux des barbares
envahisseurs : c'était Ibrahim avec ses Aglabites, Musa avec
ses pirates, Hasting avec ses forbans. La Méditerranée même
n'était pas encore connue : on raconte qu'au onzième siècle,
des vaisseaux pisans envoyés contre un roi de Majorque, allè-
rent débarquer sur les côtes d'Espagne, ils prenaient la Cata-
logne pour les îles Baléares. Venise, Gênes, Marseille, Bar-