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philosophie aujourd'hui, se trouve précisément dans cette si-
tuation, où quoiqu'elle promette un résultat religieux, per-
sonne ne le lui accorde, vu que ses déductions ne font des
dogmes de la religion chrétienne rien autre chose qu'une fan-
tasmagorie.
   C'est ce que disent même quelques-uns de ses disciples les
plus fidèles. Jusqu'à quel point que ce soupçon soit fondé, il
suffit qu'il existe et que celte opinion se soit ainsi établie.
   Mais la vie active, en dernier ressort, a toujours raison, de
telle sorte que la philosophie est exposée à de grands dangers
de ce côté-là. Ils se tiennent déjà prêts ceux qui font la guerre
à une certaine philosophie; au fond de leur cœur ils condam-
nent toute philosophie en disant qu'il ne soit plus de philoso-
phie au monde! Moi-môme, je ne suis pas exempt de ces con-
damnations, puisque la première impulsion de cette philosophie
aujourd'hui si mal vue à cause de ses résultats religieux, aurait
été donnée par moi, à ce que l'on prétend. Comment m'y
prendrai-je maintenant pour me défendre? Certes, je n'atta-
querai jamais une philosophie dans ses derniers résultats,
mais je la jugerai dans ses premiers principes, comme doit le
faire tout esprit philosophique. Il est assez connu, du reste,
que dès le commencement je me suis montré peu content des
principes de cette philosophie, et peu d'accord avec eux. On
pourrait penser que mon affaire principale sera de combattre
ces systèmes dont les résultats ont excité tant de commotions
contre la philosophie. Il n'en est pas ainsi, Messieurs, si je ne
 pouvais faire que cela, je ne serais pas ici dans cette chaire ; je
n'ai pas une opinion si mesquine de ma vocation. Une occu-
pation si peu satisfaisante, je l'abandonnerais volontiers aux
 autres. Je l'appelle peu satisfaisante, car il est déjà bien triste
 de voir se dissoudre de soi-même une chose combinée avec
 tant d'énergie. Le monde moral et spirituel est divisé de lui-
même, qu'on doit être content de trouver, ne serait-ce que pour