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   On ne saurait espérer une semblable régénération pour la
Turquie. L'intéressant mémoire publié par M. Blanqui donne
la preuve que rien ne peut sauver de la décomposition ce pays
dégénéré. Là, aucune fusion ne pourrait être réalisée : les o p -
presseurs sont énervés, ignorants, immoraux, peu nombreux,
justement h a ï s ; les opprimés sont nombreux, ils observent
les lois de la morale, ils sont pleins d'énergie et d'espérance,
et leur résignation n'est autre chose que la patience attendant
le moment d'agir. Les chrétiens et les musulmans soumis
à l'empire du sultan sont donc à jamais séparés en deux
camps ennemis. Les uns égarés par de fanatiques préventions
et par l'habitude d'un pouvoir sans limites, persisteront tou-
jours dans leur tyrannie; les autres conserveront toujours
l'amer souvenir et l'implacable ressentiment des vexations et
des cruautés que depuis si longtemps ils sont obligés de subir.
La réconciliation entre les deux races est donc impossible ;
une catastrophe pourra seule dénouer ce drame sanglant.
Il est facile de prévoir que les musulmans succomberont
dans la lutte qui produira ce dénouement.
   Tous ceux qu'anime le désir du perfectionnement social,
tous les amis de l'humanité, doivent appeler de leurs vœux
ce grand événement qui anéantira le tyrannique pouvoir des
Turcs ; car celte race despotique n'opprime pas seulement les
hommes, elle asservit encore et enchaîne les idées. Son or-
ganisation sociale, ses lois, sa religion, ses mœurs étouffent
en effet chez elle tout progrès, et la retiennent dans une
immobilité qui dure depuis plusieurs siècles. Cette immobi-
lité se perpéluerait, si les causes qui la produisent pouvaient
continuer leur funeste influence. Heureusement il n'en est
pas ainsi. Une volonté providentielle pousse l'humanité dans
la voie des perfectionnements: ceux qui s'opposent au pro-
grès sont écartés, qu'ils soient hommes ou peuples, afin que
le chemin reste libre au mouvement social. Tel sera le sort
final qui attend la race turque. Ses mains inhabiles et égoïstes
 ont abusé du pouvoir, elle a voulu immobiliser l'humanité.