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   ments d'une manière conforme aux croyances générales. Est-il besoin
   de rappeller que l'athéisme de d'Holbach fut combattu par Voltaire,
  introducteur de Locke en France, par ce Voltaire, admirable de
  raison, lorsqu'il rencontre la bonne cause.
     2° La philosophie de Locke ne me semble pas davantage un ache-
  minement inévitable à la politique deHobbes et à la morale d'Helve-
  tius. En effet, Locke a écrit un traité du gouvernement civil qui
  renverse celui de Hobbes. Ce dernier, ainsi que Sylvain Régis, car-
  tésien et spiritualiste, a pris les faits passagers de l'époque difficile
 dont il a été témoin ou victime, pour les droits qui constituent l'es-
 sence des sociétés. Indépendamment des réfutations dirigées contre
 Hobbes par Voltaire et d'autres philosophes du XVIIIe siècle, il suf-
 firait de citer Destutt-Tracy, dont le commentaire sur YEsprit des
 lois de Montesquieu n'est pas seulement une réfutation de la politi-
 que de Hobbes, mais, à l'exemple et par la méthode de Locke,
 établit des doctrines diamétralement opposées. Les bases qu'Hel-
 vétius avait données à la morale ont été de même examinées et
 démontrées fausses par Voltaire, Diderot et une foule d'autres
 philosophes que l'on range parmi les sensualistes. Ainsi les consé-
quences plus ou moins dangereuses attribuées à la philosophie de
Locke n'ont pas été acceptées par les hommes les plus compétents
pour en juger la valeur, et des conséquences totalement différentes
ont été établies, et ont bien réellement mérité à ces écrivains les
louanges que M. Bouillier leur avait données avec restriction.
   Un mot encore sur ce sujet : Rousseau, suivant quelques-uns, est
surtout recommandable par son opposition aux sensualistes. Je de-
mande la permission de le mettre un instant en face de Locke et de
ses disciples ; tandis que le philosophe anglais établit le droit natu-
rel de propriété sur le travail, le philosophe genevois se livre à une
déclamation puérile contre la propriété territoriale ; tandis que l'un
pose les bases du gouvernement représentatif, l'autre par la con-
fusion et l'exagération des idées le rend impossible. Rien ne diffère
plus de la sagesse pratique du législateur de la Caroline que l'inex-
périence de celui qui donne sur le papier des lois à la Corse et à la
Pologne. Dans le même temps que Voltaire, Montesquieu, Turgot
et leurs amis demandent aux pouvoirs constitués des réformes plus