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toutes un côté conjectural qui est la sanction de leurs parties
positives. La médecine ne guérit pas toutes les maladies; en est-
elle moins pour cela une science, une belle science ? La phi-
losophie n'a pas trouvé, ne trouvera jamais le problème des
existences, ce secret de Dieu : s'en suit-il que la philosophie
soit un science sans valeur, sans intérêt, sans portée ? Comme
toutes les connaissances humaines, l'économie politique a ses
doutes, ses mécomptes, ses abîmes. Elle sait que la richesse
d'un peuple est dans son travail; mais elle n'a pas trouvé la loi
de justice distributive par laquelle la mesure du travail déter-
minera celles des jouissances. Elle ignore les moyens d'épar-
gner les tortures de la faim aux malheureux que les machines
déplacent et que la concurrence laisse sans emploi. Sans l'aide
de la morale et de la charité, elle ne pourrait rien pour les en-
fants que l'on énerve avant l'âge, ni pour les vieillards dont
les forces se sont usées au service de l'industrie. L'équilibre na-
turel qu'elle proclame et qu'elle invoque ne suffit donc pas pour
calmer toutes les douleurs et soutenir toutes les existences.
   « Ce s o n t l à d e tristes aveux, mais il faut savoir les faire. Les
hommes de cœur y puiseront le désir de venir au secours des
hommes d'études, et le dévouement achèvera ce que la science
a commencé. Ces thèses nouvelles, ces difficultés sociales,
appartiennent à l'économie politique ; elle y apportera sans
doute sa modération et sa prudence habituelles. Au milieu de
prétentions qui se combattent, il est difficile d'élever une voix
qui soit écoutée : l'autorité des noms et la valeur des doctrines
atteindront seules ce résultat. Si le Journal des économistes
pouvait contribuer à cette pacification de l'industrie, à sa sécu-
rité, à sa prospérité, il croirait avoir obtenu le plus beau succès
que les économistes puissent ambitionner. On leur a plus d'une
fois reproché de tenir plutôt compte des produits que des
hommes ; ce serait une réponse victorieuse à cette accusation.
   « Une Revue de l'Economie potitique a encore d'autres services
à rendre. Une foule de documents, de la plus grande impor-
tance, vont s'enfouir, sans profit et sans retentissement, dans