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 de l'action principale, toutes les nobles figures chevaleresques
 qui dominent les traditions du nord. Qu'il suffise de signaler
 ici ce sujet futur de nos études, cette chaîne brillante dont
les nombreux anneaux embrassent tout le cycle germanique.
    Cette époque d'imagination et de gloire s'éclipsa aussi vite
que la suprématie allemande, et avec le dernier empereur
souabe s'évanouirent les chants du Minnesinger. Les scènes
 sanglantes de l'interrègne, les querelles et les excès de la no-
blesse abrutie par la guerre civile, firent tomber la lyre im-
mortelle, dont elle avait tiré des sons si harmonieux, dans les
 mains actives mais novices de simples et prosaïques artisans.
Ceux-ci, sous le nom expressif de Meistersinger, maîtres chan-
 teurs, croyant pouvoir maîtriser la rime aussi facilement que
l'alêne et le rabot, martelèrent des milliers de vers mesurés au
compas et à l'équerre, et soumis aux règles de la tablature,
 mais trop souvent rebelles au bon goût. Gardons-nous toute-
 fois de juger trop sévèrement ces hommes vraiment estima-
 bles qui, dans un siècle de transition et de désordre, cherchaient
l'oubli de leurs peines dans un noble délassement que d'autres
 eussent remplacé par de grossiers plaisirs. Plusieurs d'entre
eux parvinrent d'ailleurs à une réputation méritée, et il suffit
de citer le bon Bans Sachs pour que ce nom réveille aussitôt,
dans tous ceux qui connaissent ses œuvres, l'idée de cette
loyale franchise, de cette bonhomie pleine de droiture et de
sens qui distingue en Allemagne la classe moyenne, le véri-
table corps de la nation. La poésie que, dans la première
époque, nous avons vue purement religieuse, qui s'éleva dans
la seconde à l'ode et à l'épopée, devient dans celle-ci morale,
sentencieuse, satyrique, et prépare ainsi, en flétrissant les
vices, en stigmatisant les abus, la grande et imposante révolu-
tion dont Luther devait être le héros.
  Si l'influence de ce puissant génie, qui réforma les lettres
comme l'Eglise, et qui imprima à la langue nationale toute