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442 Et l'aube la prenant pour cible de sa flamme, Du bout de ses rayons allumait tour à tour Chaque grain de rosée où pétille le jour, Et de points lumineux la toile constellée, Rayonnait, transparente, au soleil étalée. Tandis qu'à l'admirer mon esprit se complaît, Une mouche se prend aux mailles du filet, Une mouche étourdie et née avec l'aurore, Le matin même, — alerte et toute folle encore Du ciel bleu, des prés verts, du matinal éclat. De la tiédeur de l'air où son aile s'ébat. Elle s'avance, hésite et s'arrête, étonnée De toutes les lueurs dont elle est couronnée, Erre de fil en fil et rencontre, en changeant De cercle et d'horizon, mille jouets d'argent. Elle court, éblouie, admirer son imago Dans chaque bulle d'eau qui tremble à son passage Et croit, en y buvant, de sa trompe toucher Les changeantes couleurs qui semblent s'y cacher. 0 jeunesse en tous temps tu seras donc la même, 0 jeunesse acharnée à te perdre de même Que d'autres avant toi se sont déjà perdus ! Et sitôt qu'au matin, près desfiletstendus, Tournera le miroir aux ardentes facettes, Toujours vous descendrez, joyeuses alouettes. La mouche semblait là dans son palais natal, Et lustres de rosée et lampes de cristal Eclairaient le palais diaphane et mobile ; Plus loin, s'aventurant sur quelque fil fragile, Elle montait, montait, éperdue, au milieu