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 Des petits globes d'or qui la couvraient de feu,
 Et des pieds ou de l'aile, en ébranlant la toile,
 Par moments de son ciel faisait choir une étoile.
 Tout-à-coup je la vis revenir brusquement
 En arrière, de crainte et non d'étonnement,
 Courir, sans plus jouer vers l'étincelle rose,
Mais en proie au soupçon et fuyant quelque chose.
 Ah ! je sais maintenant ce qu'évitent tes yeux,
 Ce que te dérobaient trop d'éclairs radieux,
Trop d'astres à la fois t'aveuglant de lumière,
Ce qui te fait trembler, ô pauvre prisonnière !
Ce sont là, près des pleurs chatoyants, irisés,
Près d'humides saphirs par l'aurore embrasés,
Les squelettes flétris, dépouilles desséchées
De tes sceurs qu'on dirait au gibet attachées,
Pendantes, le flanc creux; — larves tristes à voir,
Et qu'avec la rosée un souffle fait mouvoir.
Attends encore un peu, tu verras comme une heure
Suffit pour désoler la plus belle demeure ;
Tu verras, pleurs, saphirs, bulles aux doux rayons,
•S'évanouir ainsi que des illusions ;
La toile restera grise et nue, exposée
Aux vents, comme un buisson sans feuille et sans rosée,
Et tu verras enfin arriver à grands pas
L'hôtesse de céans que tu ne connais pas,
Le monstre qui te guette et qui rêve à ta perte,
Sournoisement caché sous quelque feuille verte.




Nous foulons, nous aussi, des réseaux encombrés
D'espérances en fleurs et de débris sacrés.
Dans les détours riants du jardin des chimères
Nous entendons pleurer hélas ! des ombres chères ;
Et des hôtes mauvais qui vont où nous allons,
Montant et descendant par tous nos échelons,