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42fi sa condamnation est prononcée, elle disparaîtra de la scène politique du monde. Déjà cette juste sentence serait exécutée si les intérêts rivaux qui convoitent la succession des ottomans avaient pu s'entendre. Mais toute temporisation sera bientôt i m - possible. Le temps s'approche de plus en plus où l'œuvre s'accomplira toute seule, si les concurrents ne s'accordent pas pour l'exécuter. La politique s'efforce vainement d'éviter ou de prévenir cette inévitable catastrophe ; les événements se- ront plus forts que les protocoles, la Turquie sera nécessai- rement, et bientôt démembrée. Ses dépouilles profiteront-elles à l'Angleterre ou à la Russie, ou bien quelques-uns des tron- çons de l'empire turc se réuniront-ils pour former un nouvel état, tandis que d'autres tronçons s'aggrégeront avec des pays voisins auxquels ils sont naturellement appelés à s'incorpo- r e r ? A notre avis il faut peu s'inquiéter de ces éventualités. Le temps est passé où un peuple conquérant a pu soumettre à sa domination le reste du m o n d e : ce temps ne reviendra plus. On s'effraye donc mal à propos de la pensée que l'Angleterre ou la Russie, parvenant à s'emparer de l'empire turc, acquerreraient un développement de puissance, dange- reux pour la liberté des autres peuples ; il ne faut pas plus r e - douter l'une que l'autre de ces deux hypothèses. L'Angleterre a trop de peine à conserver ce qu'elle possède, pour qu'on ait lieu de croire qu'elle puisse agrandir encore sa domination. La Russie a plus de chances d'obtenir cette proie que depuis si longtemps elle convoite; mais ce succès ne produirait pas les dangers qu'on paraît craindre. Si la Russie devenait maîtresse de l'empire turc, elle aurait assez à faire d'abord pour s'y éta- blir et pour organiser un esprit national parmi ses nouveaux sujets. Il lui faudrait longtemps pour accomplir cette œuvre difficile, et son ambition serait nécessairement absorbée par les soins que lui imposerait cette inévitable nécessité. Des modifi- cations nouvelles pourraient surgir et surgiraient probablement pendant cet espace de t e m p s ; et d'ailleurs le bien naîtrait de