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sa condamnation est prononcée, elle disparaîtra de la scène
politique du monde.
    Déjà cette juste sentence serait exécutée si les intérêts
rivaux qui convoitent la succession des ottomans avaient
pu s'entendre. Mais toute temporisation sera bientôt i m -
possible. Le temps s'approche de plus en plus où l'œuvre
s'accomplira toute seule, si les concurrents ne s'accordent pas
pour l'exécuter. La politique s'efforce vainement d'éviter ou
de prévenir cette inévitable catastrophe ; les événements se-
ront plus forts que les protocoles, la Turquie sera nécessai-
rement, et bientôt démembrée. Ses dépouilles profiteront-elles
à l'Angleterre ou à la Russie, ou bien quelques-uns des tron-
çons de l'empire turc se réuniront-ils pour former un nouvel
état, tandis que d'autres tronçons s'aggrégeront avec des pays
voisins auxquels ils sont naturellement appelés à s'incorpo-
r e r ? A notre avis il faut peu s'inquiéter de ces éventualités.
Le temps est passé où un peuple conquérant a pu soumettre
à sa domination le reste du m o n d e : ce temps ne reviendra
plus. On s'effraye donc mal à propos de la pensée que
l'Angleterre ou la Russie, parvenant à s'emparer de l'empire
turc, acquerreraient un développement de puissance, dange-
reux pour la liberté des autres peuples ; il ne faut pas plus r e -
douter l'une que l'autre de ces deux hypothèses. L'Angleterre
a trop de peine à conserver ce qu'elle possède, pour qu'on
ait lieu de croire qu'elle puisse agrandir encore sa domination.
La Russie a plus de chances d'obtenir cette proie que depuis
si longtemps elle convoite; mais ce succès ne produirait pas les
dangers qu'on paraît craindre. Si la Russie devenait maîtresse
de l'empire turc, elle aurait assez à faire d'abord pour s'y éta-
blir et pour organiser un esprit national parmi ses nouveaux
sujets. Il lui faudrait longtemps pour accomplir cette Å“uvre
difficile, et son ambition serait nécessairement absorbée par les
soins que lui imposerait cette inévitable nécessité. Des modifi-
cations nouvelles pourraient surgir et surgiraient probablement
pendant cet espace de t e m p s ; et d'ailleurs le bien naîtrait de