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411 ducteurs, ouvriers ou maîtres, voilà le but fécond, le but h u - main. Une partie de ce qui s'est dit à ce sujet porte, nous ne l'ignorons pas, l'empreinte de quelque exagération; on a voulu viser à l'effet et assurer, en les outrant, la fortune des idées: c'est un fait incontestable. Il fallait aussi, dans l'étude de la condition des peuples, séparer avec plus de soin les ré- sultats imputables à l'organisation industrielle proprement dite, de ceux qui découlent des institutions civiles et politi- ques. On aurait vu ainsi qu'il existe, de l'autre côté du détroit, de certaines misères qui ne sauraient nous atteindre, et pour lesquelles, au point de vue national, on n'aura jamais rien à stipuler. L'étude des besoins physiques d'une race formait également partie de ce grand problême. 11 fallait se deman- der pourquoi ce qui défraierait la consommation d'un Espa- gnol pendant une semaine peut être, ne suffit pas à la con- sommation journalière du plus misérable des Anglais. Cet accroissement des besoins, à mesure que se développent les moyens de les satisfaire, est un phénomène d'un ordre supé- rieur ; et l'on pourrait en tirer cette conclusion déjà soupçon- née, que l'équilibre des joies et des peines tend toujours à se rétablir ici-bas, et que la prospérité ella misère n'existent que dans des termes essentiellement relatifs. « Mais, quelles que soient les réserves que l'on puisse faire, et en réduisant les choses à leur juste mesure, il n'en est pas moins certain que la destinée des classes laborieuses est digne de toute la sollicitude des économistes, et qu'ils ne sauraient donner à leurs recherches un mobile plus élevé et plus géné- reux. Des symptômes singuliers se déclarent au sein des po- pulation manufacturières. D'un côté se produisent ces coali- tions d'ouvriers contre les maîtres, lutte de ceux qui ne peu- vent pas attendre contre ceux qui le peuvent, triste duel qui se termine toujours par des capitulations douloureuses. Des mé- comptes successifs n'ont pas suffi pour éloigner ces manifesta- tions déplorables dans lesquelles l'ouvrier apporte, comme enjeu, son existence même et celle de sa famille, tandis que