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ducteurs, ouvriers ou maîtres, voilà le but fécond, le but h u -
main. Une partie de ce qui s'est dit à ce sujet porte, nous ne
l'ignorons pas, l'empreinte de quelque exagération; on a
voulu viser à l'effet et assurer, en les outrant, la fortune des
idées: c'est un fait incontestable. Il fallait aussi, dans l'étude
de la condition des peuples, séparer avec plus de soin les ré-
sultats imputables à l'organisation industrielle proprement
dite, de ceux qui découlent des institutions civiles et politi-
ques. On aurait vu ainsi qu'il existe, de l'autre côté du détroit,
de certaines misères qui ne sauraient nous atteindre, et pour
lesquelles, au point de vue national, on n'aura jamais rien à
stipuler. L'étude des besoins physiques d'une race formait
également partie de ce grand problême. 11 fallait se deman-
der pourquoi ce qui défraierait la consommation d'un Espa-
gnol pendant une semaine peut être, ne suffit pas à la con-
sommation journalière du plus misérable des Anglais. Cet
accroissement des besoins, à mesure que se développent les
moyens de les satisfaire, est un phénomène d'un ordre supé-
rieur ; et l'on pourrait en tirer cette conclusion déjà soupçon-
née, que l'équilibre des joies et des peines tend toujours à se
rétablir ici-bas, et que la prospérité ella misère n'existent que
dans des termes essentiellement relatifs.
   « Mais, quelles que soient les réserves que l'on puisse faire,
et en réduisant les choses à leur juste mesure, il n'en est pas
moins certain que la destinée des classes laborieuses est digne
 de toute la sollicitude des économistes, et qu'ils ne sauraient
donner à leurs recherches un mobile plus élevé et plus géné-
reux. Des symptômes singuliers se déclarent au sein des po-
pulation manufacturières. D'un côté se produisent ces coali-
tions d'ouvriers contre les maîtres, lutte de ceux qui ne peu-
vent pas attendre contre ceux qui le peuvent, triste duel qui se
termine toujours par des capitulations douloureuses. Des mé-
comptes successifs n'ont pas suffi pour éloigner ces manifesta-
tions déplorables dans lesquelles l'ouvrier apporte, comme
enjeu, son existence même et celle de sa famille, tandis que