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  que je no répéterai pas, mais que je n'oublierai jamais •—Parlez, je
  vous prie à moins que cène soit un secret qu'il importe do ne pas ré-
  véler.—Non, Monsieur, ce sont des termes dont je n'étais pas digne..
  Marguerite, il faut nous dire adieu;... tu trouveras, où je t'indique-
  rai, un souvenir de moi;... mais, ce que j'emporte de reconnais-
  sance pour tes soins et ton affection, je ne puis rien te faire ni te
 dire qui en soit la mesure... Je te dois de n'avoir pas mis fin à mes
 jours... Si je pouvais regretter cette terre, ce serait pour toi,
 Marguerite,... mais nous nous reverrons aussi;... et il m'a em-
 brassée...
     Après quoi, il m'a dit d'ouvrir un tiroir de son bureau. Il y avait
 un paquet de lettres, dont la vue l'a beaucoup troublé, en sorte que
 faible comme il était, il n'a pas pu me parler tout de suite ; il me
 faisait signe d'attendre : Va chercher du feu, a-t-il repris, et brûle -
 les là, devant moi. Je l'ai fait comme il disait. — Et vous n'avez
 point su ce qu'étaient ces lettres?-—J'ai présumé que c'étaient celles
 qu"il écrivait à son amie, dans sa jeunesse, car sur l'une d'elles il y
 avait pour adresse : A Mademoiselle Elisa Meyer.
    Meyer! Êtes-vous sûre de ce nom? — Oui ; je sais d'ailleurs que
c'était le nom defillede celte dame.—Etait-elle de ce pays?—Non
 pas née ici ; mais elle y était venue avec sa mère.... • • L'avez-vous
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 connue, sa mère?... — Non, elle était morte lorsque je suis entrée
au service de mon maître ; mais c'est bien son nom, je l'ai vu sur
 son linge dont Monsieur avait hérité ; il est aussi sur ce livre....
    Matante! m'écriais-je. C'était la Bible à tranche rouge. Et aussitôt
toutes les émotions que je venais d'éprouver, se liant tout-à-coup aux
souvenirs de mon enfance, je demeurai quelques instants sous l'em-
pire do la surprise, du trouble, et de je ne sais quelle douceur, que
je trouvais à entrer en quelque part dans les récits que je venais
d'entendre. Bien que j'éprouve do la répugnance à mêler mon insi-
gnifiante histoire à celle d'êtres si dignes d'intérêt, il faut pour-
tant que j'en dise ici quelques mots, pour expliquer cette ignorance
où je me trouvais de faits qui tiennent à ma propre famille.
   J'avais déjà perdu ma mère, à l'époque où j'allais chez ma tante,
et c'était sans doute pour suppléer aux douceurs maternelles dont
j'étais privé chez moi, que cette excellente femme m'attirait auprès