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340 Tu vis !.... Ta providence en tous lieux se déploie, L'univers la publie et mon cœur la ressent ; La voix de ma raison la signale avec joie : Tu vis, et ce mot seul m'affranchit du néant. Atome de ce monde, où resplendit ta grâce, Au centre de la sphère elle a marqué l'espace Où, couronné d'honneur, je siège sans.rival ; Seul, au plus haut degré des formes corporelles, Non loin des séraphins auxflammesimmortelles, De tant d'êtres divers je suis l'anneau central. Emblème merveilleux de la nature entière, Enchaîné par mes sens à la fragilité, Je porte, en cet esprit qui dompte la matière, Un glorieux reflet de ta divinité. Mon corps usé s'affaisse et se réduit en poudre ; Mon esprit, dans les airs luttant contre la foudre, Atteint les profondeurs où nul astre ne luit. Esclave, je suis roi ; ver impur, je suis ange ! D'où naquit ce contraste inexplicable, étrange? D'où règne-t-il en moi, qui ne l'ai point produit ? C'est toi, Dieu créateur, c'est toi qui l'as fait naître, Toi qui de ton enfant veux être le sauveur ! De ce vaste univers seul moteur et seul maître, Toi, souffle de mon ame etflambeaude mon cœur ! Ta sage providence a voulu que cette ame, Avant de s'élever sur ses ailes de flamme, Traversât ici-bas l'abîme de la mort ; Afin que, par l'épreuve au bonheur préparée, Elle montât bientôt, pure, régénérée, Au séjour éternel où tu fixas mon sort.