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dans le domaine de la philosophie de l'art, mais elles ont été agran-
dies par M. Quinet, de toute la hauteur que la connaissance de
l'Orient a donnée à la critique de nos jours, depuis Madame de
Staël, qui entrevit ce rapport de chacun des arts avec une époque
particulière de l'histoire et de la religion. Un point de vue qui ap-
partient en propre à M. Quinet et qui nous paraît d'une profondeur
pleine de fécondité, c'est cette idée d'une renaissance orientale qui
sera pour notre époque ce qu'a été la renaissance grecque pour le
seizième siècle. Tout atteste de nos jours ce réveil de l'influence
orientale, les arts, la philosophie, même la politique ; il est évi-
dent, par exemple, que cet élément nouveau qui s'est introduit à
notre époque dans la poésie de la France, avec le sentiment de la
nature extérieure, n'appartient ni au génie de l'Europe moderne, ni
à l'antiquité classique, mais à l'Orient.
    Après les deux premiers livres consacrés à la religion en gé-
néral et à l'ensemble de l'évolution religieuse de l'humanité, l'é-
crivain examine isolément chacun des grands systèmes religieux,
en commençant par ceux qui sont nés dans le berceau même de
l'humanité, dans la haute Asie. Les monuments qui contiennent
l'expression de la société la plus antique sont les Vedas de l'Inde.
 C'est là que l'on peut saisir le commencement de l'histoire des
religions que M. Quinet nomme admirablement, la généalogie de
 l'Eternel dans les bornes du temps. Celte révélation successive
de tous les attributs de Lieu se fait en des lieux divers et par les
différents organes de la nature. Dieu se manifeste d'abord par la
 lumière, à l'Inde sur les cimes de l'Himalaya, à la Judée sur le
 Sinaï, à la Perse sur le Taurus, à la Grèce sur l'Olympe. C'est
Indra, c'est Jehovah, c'est Ormuzd, c'est Apollon. Mais bientôt
 le peuple des patriarches est descendu des monts, l'immense mer
 s'étend pour la première fois sous les regards de l'homme, à la
 révélation par la lumière sur les hauts lieux, va s'ajouter au bord
 des golfes la révélation de l'infini par l'Océan. Ce sentiment de
 l'infini, cette conscience profonde de l'être en soi, de l'absolu est
 le principe de toute la vie sociale de l'Inde.
     « A l'origine des révolutions humaines, l'Inde a fait plus haut
 que personne, ce que l'on peut appeler la déclaration des droits