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glise des Augustins, à Paris, et ensuite comme il avait com-
mandé en chef à diverses reprises les armées, il s'était bien
gardé de ne pas ceindre sa longue épée ; mais ce n'est pas tout:
ce puissant seigneur avait tant de terres nobles qu'il ne son-
geait déjà plus, en cheminant vers Notre-Dame, que celle de
Mons comptait parmi ses possessions, et qu'à cette posses-
sion adhérait la dure servitude avant d'entrer à Notre-Dame
de mander le sacristain et de lui remettre son épée.
   Or, il était sur le point d'y pénétrer l'arme au côté et d'en-
freindre les anciennes inhibitions et défenses faites aux seigneurs
de Mons, lorsque le sacristain aux aguets se présente et lui
réclame le dépôt de son arme, ce qui choqua le sire.
   — Es-tu par hasard un agent de Châteauneuf, s'écria-t-il
aussitôt, pour trouver avantage à me voir ici sans épée? Ce
fer n'a jamais versé que le sang des hérétiques ou celui des
ennemis du roi. Il ne peut être désagréable à Dieu, arrière
donc! Et le seigneur de St-Chamondse disposait à forcer l'en-
trée de la cathédrale ; mais la nouvelle et itérative sommation
du sacristain le retint, quoique faite sans menace.
   Noble seigneur, fit celui-ci, c'est au nom de l'évoque que je
vous prie d'entrer sans armes à Notre-Dame.
   — Eh ! depuis quand ton évêque s'arroge-l-il des droits
d'interdiction qui n'ont jamais pesé sur ma haute famille? Et
le vieillard hâtait le pas.
   Seigneur de Mons, arrêtez         alors clama d'une voix forte
le sacristain, — votre épée, ou l'anathême..?
   A cette appellation de seigneur de Mons, que le gardien
de la cathédrale eut soin de répéter trois fois, le noble pèlerin
comprit son tort... Il remit donc sur le champ son épée aux
mains du sacristain, pria les gens de sa suite d'en faire autant,
puis le cortège entra tout d'une file à Notre-Dame faire ses
dévotions.