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difficulté disparaît. » Hume ne s'est pas exprimé autrement, et Kai..
retourne ainsi aux plus mauvais systèmes sortis de l'école de Locke.
Sans doute les substances ne nous sont pas connues en elles-mêmes
et indépendamment de leurs phénomènes ; si on ne veut dire que
cela, on a bien raison ; mais il faut se hâter d'ajouter que les sub-
stances nous sont connues par leurs phénomènes, et que la conclu-
sion des phénomènes à leur sujet est parfaitement fondée. Ainsi, où
les phénomènes diffèrent, on peut affirmer que les substances dif-
fèrent aussi. Or, les phénomènes de la pensée et de la volonté,
accompagnés de la conscience, n'ont évidemment rien à démêler
avec les phénomènes de l'impénétrabilité et de la solidité qui consti-
tuent l'étendue. De ces deux ordres différents de phénomènes con-
clure deux substances différentes, où y a-t-il là rien d'hypothétique?
Au contraire, glisser d'abord sur la différence des phénomènes, puis,
laissant là les phénomèmes eux-mêmes, prétendre que leurs sub-
stances peuvent être également ou les mêmes ou différentes, parce
qu'elles nous sont inconnues, n'est-ce pas accumuler hypothèse sur
hypothèse? N'est-ce pas séparer les substances des phénomènes,
pour se donner le plaisir de proclamer notre ignorance sur les sub-
stances, et sous l'apparence d'un doute circonspect confondre ce qui
est évidemment distinct aux yeux de la conscience et de la raison ?
Est-il rien de moins sage qu'une pareille sagesse qui pourtant a
séduit plus d'un bon esprit? On ne s'est pas aperçu qu'à force
de déclamer sur l'essence inconnue des substances, on en venait à
méconnaître les vrais caractères des phénomènes. La conscience di-
recte et immédiate des phénomènes de la pensée nous donne irrésis-
tiblement, et de la science la plus certaine, la connaissance du moi
comme un esprit ; cet esprit n'existe pas, au moins pour lui-même,
indépendamment des phénomènes qui le caractérisent ; mais ces phé-
nomènes nous révèlent sa véritable nature. Nous savons de l'esprit,
en vérité, tout ce que nous en pouvons savoir, puisque d'une part
nous savons qu'il est, et de l'autre quel il est : nous savons quel il
est, puisque nous connaissons les phénomènes qui le caractérisent,
et nous savons qu'il est, puisque nous savons que ces phénomènes
ne peuvent exister sans un sujet, sans un être substantiel et réel qui
en est le principe et le fond. Comme la nature delà cause se révèle