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 ficiellement et épisodiquemont, et dès qu'il y touche, c'est pour
 tomber de contradictions en contradictions, de telle sorte qu'il est
 assez difficile de saisir sa véritable pensée. Notre premier soin sera
 de la rechercher dans les diverses parties do la Critique de la raison
 pure, et de la recueillir des différents passages où elle est dissémi-
née. Nous la rencontrons d'abord dans l'Esthétique trascendentalc,
 c'est-à-dire dans le chapitre où sont exposées les conditions à priori
 de l'expérience sensible. Dans ce chapitre, Kant fait de la cons-
 cience un appendice de la sensibilité.
    Quand nous disons que nous avons la conscience de nous-mêmes,
 cela signifie seulement, selon Kant, que nous pouvons saisir ce qui
 se passe dans notre esprit, tout ce qui constitue notre état inté-
 rieur ; mais cela même qui est l'unique objet de notre intuition
 interne nous ne pouvons l'apercevoir qu'autant que nous en sommes
 affectés (affieirt) d'une certaine manière : c'est à cette seule condi-
 tion que l'aperception de nous-mêmes est possible. Il n'y a donc rien
 de spontané dans cette aperception ou dans son intuition. Com-
 me le sens externe, la conscience est une faculté toute passive,
 c'est une simple réceptivité. Voilà pourquoi Kant le regarde
comme faisant partie de la sensibilité, et cette opinion justifie le
 nom de sens interne (Der innere sinn), par lequel il la désigne le
plus souvent.
    Voici le passage qui renferme cette étrange théorie : « Tout ce
qui peut être représenté par le moyen d'un sens est toujours à ce
titre phénomène : d'après cela, ou bien le sens interne ne peut être
admis, ou bien l'esprit, qui est l'objet de ce sens, doit être repré-
senté par lui comme phénomène et non pas tel qu'il se jugerait lui-
même, si son intuition était spontanée, c'est-à-dire si elle était in-
tellectuelle... La conscience de soi-même (aperception) est la repré-
sentation simple du moi ; et si tout ce qu'il y a de divers dans le
sujet nous était donné spontanément dans cette représentation, alors
l'intuition interne serait intellectuelle. Mais cette conscience sup-
pose l'aperception interne de la diversité, laquelle se montre d'abord
dans le sujet, et la manière dont elle est donnée dans l'esprit, sans
spontanéité, doit, précisément à cause de cette absence de sponta-
néité, s'appeler sensibilité. Pour que le pouvoir d'avoir conscience