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    Mais pour braver les dangers dont on la menace, la pa-
trie exige le sacrifice de nos répugnances, de nos prédilec-
tions individuelles, de nos rivalités. Elle exige que nous
comprenions enfin l'antique symbole du faisceau de verges
fragiles, elle exige que nous l'aimions plus que nos opi-
nions, car l'amour de la patrie corrige tout. Si en même
temps la liberté est menacée en Europe, elle exige, des peu-
ples qui composent cette belle famille, l'oubli de leurs hai-
nes et de leurs jalousies nationales, si favorables à tous les
 despotismes.
   En étudiant plus spécialement la marche de la civilisation
chez les différents peuples de l'Europe, nous apercevrons
qu'elle n'est pas la même chez tous. Sous ce rapport, le
Français diffère de l'Allemand, celui-ci ne ressemble pas
à l'Italien, ni l'Italien au Russe. Nous verrons que cette
civilisation européenne se compose de trois éléments autour
desquels les peuples se rassemblent aussi en trois groupes :
1° l'élément latin ou romain que la France cherche à faire
prédominer, sans trouver un bon appui chez ses alliés na-
turels; 2° l'élément germanique dont la Prusse veut cen-
traliser les efforts, et dans ce but elle sera toujours alliée
avec l'Angleterre pour empêcher aucune puissance conti-
nentale de devenir trop dominante ; 3° l'élément slave
dont la Russie s'assimile les populations et par son église
et par sa nationalité. On doit redouter sa prédominance sur
les deux autres, car cette race essentiellement envahissante,
s'avance avec la prudence d'un éléphant. L'Angleterre,
par sa position insulaire, par ses rapports avec le globe
 entier, se place à part. Elle offre le mélange des deux élé-
ments latin et germanique dans des proportions plus égales
 qu'aucun autre peuple.
  La France ne peut compter ni sur l'Italie, ni sur l'Espa-
gne^ dont les peuples traînards sont à la suite des bagages.