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 Qu'il soit éteint le flambeau de ma vie,
 Qu'il soit éteint dans l'éternelle nuit !
 Sans lui partout le désespoir me suit,
 Ah ! sans Wilhelm impossible est la vie ! » —
 Le désespoir aux transports dévorants
 Brûlait sa tête et son cœur délirants :
 Elle accusait le ciel, la providence ;
 Les blasphémait dans sa sombre démence,
 Tordant ses bras et s'agitant encor,
 Quand la clarté du jour se fut voilée ;
 Lorsque la nuit sous la voûte étoilée
 S'illumina de ses mille astres d'or.
 Mais écoutez!.... dehors.... dans la distance....
 C'est le galop d'un cheval qui s'avance....
 Avec un bruit d'armure un cavalier
Met pied à terre.... au bas de l'escalier....
Entendez-vous !.... le marteau de la porte
 Est soulevé.... quelqu'un le fait sonner
Et tout-à-coup s'en viennent résonner
Ces mots qu'un vent lugubre au loin emporte :
— « Holà! holà! veilles-tu mon enfant?
Dors-tu, chérie?... ouvre-moi!.... dis, comment
Mon souvenir est-il en ma pensée ?
Te vois-je heureuse, ou bien aux pleurs laissée? » —
— « Ah !.... Wilhelm!... toi !.... durantlanuit, si tard!....
Que j'ai pleuré dans d'éternelles veilles !
Ah ! j'ai souffert des douleurs sans pareilles!....
D'où viens-tu donc après ce long retard ? » —
— « Pour chevaucher, minuit seul est notre heure....
De Prague ainsi j'arrive en ta demeure.
Et j'ai monté bien tard mon palefroi,
Mais j'ai voulu t'emmener avec moi. » —
— « Dans la bruyère au loin le vent murmure,
Ah ! viens, Wilhlem, viens, toi, mon seul bonheur,
Te réchauffer dans mes bras, sur mon cœur !
D'abord suis-moi.... vite je t'en conjure!....
— « Pourquoi ce soin?... laisse gémir le vent !
Laisse gémir au loin sa plainte, enfant !
Le cheval piaffe et l'éperon frissonne,
Il faut partir, notre destin l'ordonne.
Viens! il est tard, sans crainte élance-loi !
Jusqu'au château viens, il nous reste encore
Cent milles à franchir avant l'aurore,
En croupe, allons ! saute derrière-moi ! » —