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450 PIERRE DE NOLHAC auprès d'elle du courage et du calme contre les insultes d'un Philibert de Lorme et les jalousies des courtisans. Cette liaison, chose étrange pour l'époque, resta pure. Le ciel de l'affection de nos amoureux fut a peine traversé par de légers nuages provenant surtout de la jalousie de Ronsard dont la gloire auréolait l'âge mûr sans le rajeu- nir, hélas ! Hélène qui avait accepté tout d'abord avec assez d'indif- férence les hommages de son poète, se prit bientôt à l'aimer tendrement. Toutes les anthologies ont donné le beau sonnet : Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle. Voici les vers moins connus où Ronsard raconte la chaste déclaration que lui fit un jour la jeune fille : Prenant congé de vous dont les yeux m'ont domté, Vous me dites, un soir, comme passionnée : « Je vous aime, Ronsard, par seule destinée, « Le ciel à vous aimer force ma volonté. » La liaison à la fois sentimentale et intellectuelle de Ron- sard et d'Hélène de Surgères dura six ans. A la mort de Charles IX, victime tragique d'une épopée sanglante orga- nisée par lui, Ronsard quitta Paris et se retira dans le Ven- domois. Henri III, n'était plus pour le poète le bienfaiteur et l'ami qu'avait été son frère. Hélène resta à la cour où elle prit part aux séances de l'Académie du Palais fondée par le nouveau roi, et sur laquelle d'Aubigné nous a laissé des renseignements intéressants. Elle continua d'entretenir avec Ronsard des relations épistolières suivies, jusqu'à la mort du poète survenue le 27 décembre 1585 au prieuré de Saint-Côme, à Tours. Mlle de Surgères survécut au poète