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LES SIRES DE BEAUJEU 131 leur puissance, dans des occasions pareilles, et même les fiefs qu'Edouard tenait de lui, le suzerain étant obligé de secourir son vassal. Tous ces motifs puissants d'inter- vention cédèrent dans son esprit à ce qu'il crut être de son intérêt. Comme le dauphin lui avait fait des propositions pour épouser Blanche de Savoie, sa fille, non seulement il refusa de s'opposer à sa prise d'armes, mais encore il fit défense à ses sujets de se livrer à aucune hostilité contre lui et d'aller au secours du sire de Beaujeu. Quand il vit cepen- dant le dauphin sur le point d'être maître de Miribel, com- prenant l'imprudence qu'il y aurait à laisser s'agrandir un voisin déjà trop puissant, il lui fit sommation d'en lever le siège ; mais celui-ci, sûr du succès, refusa de l'écouter. Edouard, sensible à cette défaite, résolut de reprendre coûte que coûte une ville qui était le plus beau de ses fiefs dans la Dombes. Il activait ses préparatifs dans ce but, lorsque les deux ambassadeurs du roi qui se trouvaient à Anse les rendirent inutiles, en lui imposant une trêve de six mois avec le dauphin. Pendant ce temps, ce dernier chercha à faire aboutir ses propositions de mariage avec Blanche de Savoie. Mais cette fois Amédée VI eut la loyauté de déclarer qu'il n'y consentirait pas, à moins que le dauphin ne rendît Miribel au sire de Beaujeu. Le dau- phin, déçu dans ses espérances, et voyant qu'Edouard se' préparait activement à venir attaquer cette ville, après la fin de la trêve, fit connaître publiquement le traité secret de 1343, par lequel il cédait ses États au roi, s'il n'avait point d'enfant, et s'empressa de l'exécuter en faisant à celui-ci le transfert réel de sa province. L'exécution de ce traité fut un coup terrible pour notre sire, et l'obligea de renoncer pour toujours à reprendre Miribel, parce qu'il lui aurait fallu dès lors faire cette conquête sur son suzerain. Pour