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462                    PIERRE DE NOLHAC

modernes avec une aisance rare. Quant à la Renaissance
où il s'est si souvent complu, comme nous avons pu en
juger précédemment, il lui a élevé un merveilleux monu-
ment dans la dernière partie des Paysages de France et d'Italie.
Elle contient quatorze sonnets d'une absolue perfection.
Un critique (16) les a comparés à ceux de M. josé-Maria
de Heredia. Je ne sais pas s'il est possible d'égaler un tel
maître, mais on peut dire, à coup sûr, que parmi les
poètes qui ont le plus approché de la perfection de l'auteur
des Trophées, M. de Nolhac mérite d'être cité comme un
des premiers soit pour la précision du vers et sa limpidité,
soit pour la part considérable de rêve qu'en suggère la
lecture. Dieu me garde de déflorer par une desséchante
analyse les beaux sonnets de M. de Nolhac. Je me con-
tente de recommander seulement parmi les plus beaux,
ceux en la mémoire de Pétrarque, Lucrèce Borgia, Isabelle
 d'Esté, Joachim du Bellay, Hélène de Surgères, Erasme.
Je reproduis ici, ce dernier, modèle de finesse, d'élégance
et d'esprit. Ah ! comme le vieux maître eût senti son
amour-propre agréablement chatouillé, en écoutant ces
vers :

      O mon vieux maître Erasme, incomparable ami,
      Je me plais aux leçons que ton bon sens distille,
      Et j'aime les combats de ta verve subtile,
      Dont l'aiguillon parfois se dérobe à demi.

      Quand les pharisiens et les sots ont frémi,
      Pour défendre ton seuil contre leur foule hostile-,
      Tu n'avais que ta plume, ô maître, et ce beau style
      Dans ton latin muet désormais endormi.



  (J6) M. Charles Maurras. Cf. Gazette de France, 26 février 1894.