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78 L'INDUSTRIE DE LA SOIE quoique, de ce côté, des efforts aient été faits et des progrès accomplis. Nous avons comme auxiliaire cette chose indéfinis- sable et insaisissable qui est la mode, inspiration toute particulière; nous eu avons gardé la pleine maîtrise. Le goût dont la mode procède n'a plus sans doute la pureté, la sévérité ou la distinction d'où dérivait la beauté des oeuvres de nos devanciers. Il a toujours le charme, et c'est parce qu'il est empreint de ce que l'esprit moderne a de plus vif qu'il plaît toujours, même quand il montre quelque faiblesse. La fabrique lyonnaise ne craint pas les rivalités sans en méconnaître la gravité; ce dont elle s'inquiète le plus, c'est de l'étroitesse du champ d'action et de vente au dehors. Il ne faut pas s'en étonner : elle a de plus puissants moyens de production, elle s'est attachée à en tirer le meilleur parti, elle cherche plus de débouchés, assurée qu'elle est de s'y faire une large place. L'industrie a ressenti le contre-coup de l'énorme déperdition de capitaux qui s'est produite sur tant de points du globe, mais le temps fait son office. La prudence a été imposée, la richesse se reconstitue, les désirs de bien-être et de luxe qui avaient pénétré par- tout profondément reprennent quelque vivacité, et, si la consommation n'a pas retrouvé ses accroissements ordinaires, le retour à l'ancienne ampleur peut n'être pas éloigné. Au rétablissement de la condition pour ainsi dire normale des affaires, s'opposent les obstacles que nous avons dits. Il ne dépend pas de nous de lever les uns, nous pouvons amoindrir les autres. L'appauvrissement