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410 LETTRES SUR UN VOYAGE EN FRANCE Méditerranée, des plaines immenses, vivifiées par une culture continue, embellies par de jolies maisons de cam- pagne, un horizon à perte de vue, borné d'un côté par les montagnes du Forez, de l'autre par celles du Dauphiné, et dans le fond du tableau pour y donner le dernier coup de pinceau, les Alpes, imprimant leurs têtes blanches dans les nuages, et présentant à l'imagination une esquisse de la fable d'Atlas. Ce n'est point une description imaginaire, ni le récit d'un voyageur à qui l'on peut appliquer ce vers si connu, et souvent si bien mérité : « A beau mentir qui vient de loin, « c'est l'ébauche exacte d'un tableau, bien inférieure à son modèle. On quitterait avec bien plus de peine ce superbe point de vue, si l'on n'avoit pas l'espérance de trouver en descendant une autre terrasse plus vaste que celle de Four- vière, laquelle forme une esplanade devant le couvent des Minimes, et présente le même tableau à quelques excep- tions et augmentations près. Les moines possèdent dans leur enclos un amphithéâtre des Romains, nouvel aliment à la curiosité ( i ) . Il est en mauvais état; ce qui en reste, laisse voir les débris d'un grand bâtiment qui a pu être originairement de forme circulaire. Des portiques à moitié détruits conduisent à des espèces de caves, où, dit-on, les Romains enfermoient les bêtes féroces qui servoient à ensanglanter leurs jeux. (i) Il s'agit ici du théâtre romain et non de l'amphithéâtre. La partie du clos des anciens religieux minimes où se trouvent ces ruines, appartient aujourd'hui aux dames de N . - D . de la Compassion. L'amphithéâtre était situé plus haut ; on a découvert ces dernières années d'importants vestiges de cet édifice dans la propriété de M. Lafon, rue du Juge-de-Paix.