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ET SON ŒUVRE 377 passages de son Ckeronianus reflètent son étonnement en face « de ce clan païen ayant plus de littérature que de piété. » En outre, les tendances matérialistes contre la foi l'attristèrent, tout comme « la chasse aux bénéfices et la licence des mœurs d'une grande partie du clergé romain. » Erasme connut aussi le cardinal Jean de Médicis, le futur Léon X, qui devait encourager ses œuvres d'exégèse et fermer la bouche à ses calomniateurs. Il fréquenta égale- lement Raffaello Riario, neveu de Jules II, pour lequel Bramante achevait le magnifique palais de la chancellerie. Erasme revint à Sienne auprès de son élève, mais celui- ci, presque aussitôt rappelé en Ecosse, voulut visiter Rome avant son départ. Ils y arrivèrent au mois d'avril; ce séjour fut très court. Ils gagnèrent Naples, et de retour à Rome, se séparèrent. Le 22 avril 1509, Henri VIII montait sur le trône d'Angleterre. L'ancien élève d'Erasme, devenu son pro- tecteur influent, William Mountjoy écrivit au savant pour hâter son retour, en faisant briller à ses yeux la perspective de la faveur d'un roi plein de respect pour les gens de pensée, semblait-il. Malgré les instances de ses amis, Erasme quitta Rome. Je partage tout à fait l'opinion de M. de Nolhac, plaignant le savant de n'avoir pas cédé à l'offre que le cardinal Grimani lui faisait, de rester auprès de lui, à portée des plus riches bibliothèques. « S'il eût accepté, dit-il avec raison, sa vie changeait de face. La liberté de son esprit ne lui faisait pas d'ennemis dange- reux, ses adversaires catholiques n'osaient plus l'attaquer; il exerçait l'influence la plus heureuse sur les conseils des Papes et à l'avènement de Léon X, il était compris dans la première promotion de cardinaux ». Erasme n'écoutant que son ambition, voulant jouer un rôle influent auprès