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360 PIERRE DE NOLHAC le trait d'union entre l'antiquité païenne et le monde chré- tien. » Malgré les invasions de l'étranger, l'Italie conserva dans sa pureté originelle la langue latine. Dans le quadruple domaine scientifique, politique, religieux et juridique, elle continua de fleurir, cette langue, comme aux temps loin- tains où Rome régnait en souveraine. Il était impossible d'ailleurs, qu'il en fût autrement, puisque tout parlait aux yeux d'un passé à peine éteint, semblait-il. A chaque pas des ruines rappelaient un souvenir encore inoublié des gloires écoulées. Tantôt un Arnaud de Brescia veut remettre en vigueur le « Césarisme » ; tantôt on relève dans la vie sociale ou religieuse des institutions ayant survécu sans cause apparente; et, plus d'une fois se produisent des poussées de paganisme qui, semblables au sel remontant à fleur de sol, ramènent des démagogues et des tyrans au Capitole, ou promènent des Aspasie et des Phryné par les rues de Rome, comme au temps d'Héliogabale. A cette époque, l'Église romaine, toute-puissante, vit en bonne intelligence avec l'Empire et l'esprit de cosmopolitisme cher aux anciens Romains, s'étend sur la première comme sur le second. Bientôt pourtant les luttes commencent. La Péninsule, en butte aux factions, se morcelle en petits États indépendants; l'hégémonie de l'Italie sur l'Europe diminue, des différends ecclésiastiques jettent le trouble dans les esprits ; l'antagonisme, terrible et sans merci, qui s'élève entre la Papauté et l'Empire, met le comble aux désarrois politiques et religieux pendant près de deux siècles, le qua- torzième et le quinzième. Néanmoins, avant la conflagration des deux souveraines puissances de l'Europe, l'Italie voit se lever le germe d'une civilisation qui devait porter ses fruits sur le terrain littéraire, artistique et même scientifique du monde occidental. Ressus-