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ET SON ŒUVRE 361 citer le monde grec et romain, la science antique, unir l'art païen à l'art chrétien, honorer la forme et la beauté matérielle, trop dédaignées par le christianisme, tel est le but des efforts de l'Arioste, du Tasse, de Bramante, Vinci, Raphaël. La Renaissance réalise donc ce qu'il y a seule- ment d'humain dans l'esprit et le cœur de l'homme. Son œuvre est une œuvre d'assimilation. Ce ne sont pas des idées nouvelles qui prévalent, mais des idées d'une époque disparue. Le xive siècle, rejetant les manières de penser du Moyen Age, entre dans une voie toute différente. Au Moyen Age pourtant, de rares esprits honorèrent les lettres latines. Il est sûr qu'au milieu même des travaux scolastiques, dans le silence des cloîtres, les livres de juris- prudence, les œuvres d'histoire, de philosophie et de poésie latine ne furent pas oubliés. Le témoignage de M. Voigt me semble probant à cet égard. On continua de lire Cicé- ron, Sénèque, Virgile, Horace, Lucain, Ovide, Térence et Pline. Des légendes parlèrent de Troie et d'Alexandrie. Boëce, dans son traité de la Consolation s'étendit avec com- plaisance sur la philosophie d'Aristote. La cour de Charle- magne fit revivre les poètes latins et les imita. Il suffit de citer les noms d'Eginhard, Witikind, Adam de Brème, Eccardo d'Aura, Gerbert, Jean de Salisbury, Gauthier de Châtillon, pour rappeler avec quelle ardeur l'étude du latin est poussée à cette époque. Mais ne nous y trompons pas. Malgré leur érudition et leur savoir, les auteurs et les gens célèbres du temps ne sont pas les précurseurs de la Renaissance, car ils n'ont nullement pénétré l'esprit du monde antique ni ne se sont identifiés avec lui. Une preuve incontestable de ce que j'avance là , c'est que pas un ne sait le grec.