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EN 178S 355 Il trouva des actionnaires, ce qui ne doit pas étonner, car il y a tant de gens qui ne se contentent pas du cuivre qu'ils trouvent à leurs pieds, mais qui veulent descendre dans les entrailles de la terre ou gravir au sommet des montagnes pour acquérir l'or qu'on leur promet, et la compagnie se forma. Elle fut composée de particuliers riches, et en plus grande partie de gentilshommes et de notaires, qui s'y intéressèrent suivant leurs moyens, et d'après la confiance qu'elle avoit su leur inspirer. Les travaux commencèrent en 1770. Ils ne réussirent pas. Le fleuve détruisit facile- ment toutes les frêles constructions que Perrache ne cessoit de lui opposer, el par cette raison les premiers fonds des actionnaires furent consommés. Ils empruntèrent sous leur cautionnement solidaire une somme de 1.500.000 1., laquelle fut employée, consommée et disparut comme les premiers fonds. Le chagrin s'empara alors de Perrache; accablé de reproches, ne voyant qu'un avenir déplorable, sa santé s'altéra des peines qui flétrissoient son cœur, il mourut à peu près sans ressources en octobre 1779, laissant des désastres à réparer, un épuisement presque total de crédit, et des travaux commencés qu'il falloit poursuivre si l'on vouloit retrouver un jour, non la valeur des sommes qu'ils avoient absorbés, mais la simple repré- sentation de la dette dont ils étoient chargés. familiarisé avec les questions d'argent. On peut lui reprocher de n'avoir pas employé avec discernement les fonds mis à sa disposition. M. Morel de Voleine récemment décédé, possédait une caricature du siècle dernier, dessinée à la plume, représentant Perrache, à genoux sur un talus au bord du Rhône, vidant dans le fleuve des sacs d'écus; derrière lui et debout MM. deBellescize, de Montribloud, de Fleurieux et l'abbé Gui- guet tiennent aussi des sacs d'écus prêts à être versés. Les faiseurs d'affaires d'aujourd'hui ne jettent pas à l'eau l'argent des autres, ils le mettent tout simplement dans leur poche. N u 5 . — Novembre 1894 24