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3 54        LETTRES SUR UN VOYAGE EN FRANCE

de la patience et de l'argent, forma il y a environ vingt
 ans un projet fort étendu par lequel il devoit procurer
beaucoup d'embellissemens à la ville de Lyon, et en même
temps faire sa fortune et celle de ceux qui s'intéresseroient
à son entreprise. C'était un projet magnifique comme vous
vous voyez et une spéculation brillante.
   « Il prétendoit : i° contenir la Saône par une forte
chaussée, en détourner un bras, le combler, et forcer le
fleuve de se joindre plus bas au Rhosne ; ensuite vendre
au profit de la Société des terrains conquis sur le fleuve
en conservant sur eux le droit de directe. 2° construire au
confluent du Rhosne et de la Saône un pont qui devoit
communiquer à une nouvelle route du Languedoc qu'il
ouvrirait plus courte de 27 lieues que celle qu'on suivoit
actuellement. 3 0 Procurer à la ville de Lyon des moulins
sur la terre ferme au lieu de ceux sur bateaux. 4 0 Elever
une cité nouvelle à laquelle sa position, ses chantiers, ses
ports, ses cours, ses places, l'alignement et la largeur de
ses rues (de 32 et de 45 pieds de large), dévoient donner
des avantages que l'ancienne cité n'avoit pas. 5 0 Procurer
aux Lyonnais sur les deux rives de la Saône et du Rhosne
des promenades agréables par des plantations nombreuses.
Pour toutes ces choses il ne demandoit que deux millions
et six années de temps.
   « Muni de l'approbation du roy, de l'avis du dépar-
tement des Ponts et Chaussées, d'un arrêt du Conseil, de
lettres patentes, enfin de tous les titres capables de leurrer
les esprits avides (5), il vint à Lyon, et proposa son projet.


  (5) M. C. du T. se montre bien sévère. Perrache ne fut point un
malhonnête homme, un faiseur d'affaires. 11 s'est montré sans doute
entrepreneur imprudent, et comme beaucoup d'hommes de génie, peu