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226                LES SIRES DE BEAUJEU

elle-même à reconnaître ce que le même Etienne avait fait
pour son fils pendant sa minorité, elle lui remit la poype de
Frans avec ses dépendances, le tout estimé 400 florins d'or,
et s'engagea encore à lui payer 400 autres florins. Antoine
fit don à Jean de Challes, de dix livres de rente dans la
châtellenie de Thoissey, en reconnaissance de ses loyaux
services. S'il n'est question ici que des seigneurs de la
seconde race, c'est qu'on a plus de détails sur leurs actions.
L'éloignement du temps ayant rendu plus rares les docu-
ments concernant la première branche, il n'est pas étonnant
qu'on ne sache rien d'eux en ce genre de libéralité. Du
reste les testaments de quelques-uns prouvent leur généro-
sité et nous portent à croire qu'ils n'attendaient pas leur
mort pour la manifester.
   Cette largeur d'esprit, dont nous venons de donner tant
de preuves, leur inspirait de la sollicitude pour les lettres
et les sciences. Une telle préoccupation ne fut pas sans doute
étrangère à toutes ces fondations d'abbayes et de chapitres
qu'ils firent en différents temps. On sait qu'à cette époque
les connaissances humaines ne trouvaient d'asile que dans
les murs paisibles des maisons religieuses ; là seulement
elles avaient assez de sécurité et de tranquillité pour se
développer ; en sorte que fonder ces maisons, c'était néces-
sairement aider à la culture et à la transmission de ces
connaissances.
   Entre toutes les sciences, celle du droit était surtout en
faveur auprès de nos sires, et non sans raison, car c'était
pour eux la plus utile de toutes, pour rendre la justice
à leurs sujets. Elle leur était même indispensable, parce
que le droit écrit était resté en usage dans leurs États,
même après l'introduction des coutumes féodales. En
dehors des juges de leur Cour ordinaire et de leur Cour